Tsirihaka Harrivel & Vimala Pons – ‘Victoire Chose’

Album / Teenage Menopause – Murailles / 15.02.2019
Musique à rouages

A la croisée du cirque et du music-hall se trouve GRANDE, oeuvre hybride confectionnée par les cerveaux ingénieux de Tsirihaka Harrivel & Vimala Pons. Non loin de là, on découvre aujourd’hui Victoire Chose, BO infidèle qui rafistole, réarrange et reconstruit les airs joués sur scène. Epaulé par Olivier Demaux (Cheveu, Heimat), le duo a confectionné un objet étrange qui accueille d’un même geste nouveaux venus et spectateurs déjà transis d’amour. A l’intérieur, s’y disperse une somme d’éléments disparates, réunifiés sous la houlette du cirque, des BO italiennes, d’accents new wave et de textes mélancoliques qui parlent avec un ton incertain de deuil et d’amour. On perçoit par à coups un élan symphonique, se déployant ici ou là sous la forme de formules incomplètes.

Parcouru par des synthés voyageurs et des percussions étranges, l’album ne se fixe jamais dans une forme définie, mais préfère, à l’image de ses géniteurs, s’épanouir à la croisée des genres. Les textes à tiroirs, les voix qui s’entrecroisent, les claps erratiques nous renvoient à l’image de deux créateurs touche-à-tout s’inscrivant de manière naturelle dans une certaine idée de l’underground français, fait de débrouillardise et d’ingéniosité.

C’est au milieu de ces fulminantes embardées que les distinctions se mettent en place : pour Effeuillage et sa lente énumération de coiffes et d’habits en tous genres, pour les douces montées de Si Je Meurs, pour la conclusion d’opéra de Cuisine, pour ça et pour tout le reste, Victoire Chose mérite des paires d’oreilles soucieuses et concernées qui s’empresseront de dénicher tous les secrets habitant cette merveilleuse surprise capable de passer en quelques notes de la gravité à l’euphorie, sans ne jamais perdre au passage son si singulier pouvoir d’attraction.