Troy Von Balthazar – ‘It Ends Like Crazy’

Troy Von Balthazar – ‘It Ends Like Crazy’

Album / indie folk / 29.03.2019
Indie folk


La pochette de ce dernier album de Troy Von Balthazar présente une image du musicien s’avançant sur un lac de glace immaculé. L’équilibre est précaire, tout menace de s’effondrer d’un moment à l’autre. Il n’y a que du blanc et du noir dans cet univers fait de dualité, ou le calme du gel peut craquer à chaque instant. It Ends Like Crazy est un opus de contrastes, habité tant par les rencontres que par les ruptures amoureuses. Dans une oscillation permanente entre rage, chuchotements, introspection intérieure et cris cathartiques, c’est un nouvel effort proposant une vision du monde singulière que nous offre ici le chanteur hawaïen.

Exilé dans la Creuse pour cet enregistrement, isolé du monde pour mener à bien son introspection, TVB ouvre It Ends Like Crazy sur le très beau Rain Saves Lives et ces paroles : ‘Fireman says rain saves life in summertime‘. Chercher la beauté dans la pluie, creuser profondément en soi pour puiser dans une mélancolie salvatrice… Troy est habité par les questionnements intérieurs, chargé de regrets et de remise en question (I Put Out qui nous raconte l’impuissance de l’auteur face à un suicide). La palette d’états ou de sentiments traversés par le chanteur est large et s’accommode en finesse des changements de tonalité, tant dans les registres de voix que dans les triturations soniques. Dans cette opposition permanente que l’on retrouve jusqu’à la pochette du disque, c’est tout un combat intérieur qui se joue, et qui semble même se gagner ici.

Cinquième album solo, après en avoir enregistré autant avec Chokebore, It Ends Like Crazy est probablement l’effort le plus abouti et le plus entier de son auteur. Il nous invite à y découvrir ce jeu de variations dont sa musique est faite. Rarement, par exemple, il avait eu l’occasion de montrer ses talents de folk-singer comme il les étale sur Impale, ou le caractère épuré laisse aux arpèges et au grain de voix si singulier du compositeur toute l’amplitude nécessaire pour être apprécié. Rapidement les petits sons, grésillements, saturations, bit crushers, surviennent pour abîmer la clarté sonore, lui ajouter un caractère d’impureté, un détail dissonant, dérangeant. C’est ici une caractéristique qui fait presque office de signature pour TVB : le détail qui ajoute en fragilité, qui vient menacer la mélodie, prenant parfois le dessus sur elle, la noyant pour ainsi dire sous les flots de sons expérimentaux. Etre parvenu à cet équilibre parfait entre douceur, recherches sonores et qualités de compositions : voilà ce qui distingue It Ends Like Crazy de ses prédécesseurs.

Une écoute hâtive risquerait de conduire l’auditeur à ne retenir que l’atmosphère plaintive du disque, ne conservant que sa tristesse et l’anxiété qui l’habite. Ce serait ignorer l’ambivalence profonde et la vraie réussite de ce nouvel album : trouver la poésie dans la détresse, la chaleur dans la rage, et parvenir ainsi à conserver l’espoir, comme en témoigne le magnifique Filthy Days, chanson d’amour pleine d’ambivalence, qui clôture cette nouvelle sortie.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Rain Saves Live, Impale, Hell, Filthy Days


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