25 Avr 11 Trouble Over Tokyo – « The Hurricane »
Album
(Schoenwetter Records)
22/03/2011
Pop electronica
Toph Taylor fait partie de ces artistes humbles et discrets qui pourraient pourtant se la péter grave avec une voix et une imagination comme la sienne. Les trois ans de battement avec l’album précédent n’ont pas été les mêmes d’un côté comme de l’autre. Chez nous, on a eu le temps de se remettre du coup de tête asséné par « Pyramids », en le savourant et en profitant de chaque recoin de ses pop-songs riches et gorgées d’electronica. Mais chaque artiste traverse un jour ou l’autre une mauvaise passe qui débouche sur un album fatalement marqué par ses déboires. Pour Trouble Over Tokyo, « The Hurricane » est le tas de cire séchée d’une mauvaise bougie qui aura brûlé trois ans durant, observant remises en question et changements radicaux. L’orage passé, Toph revient avec quelques cicatrices et ce disque, vous vous en doutez, bien plus mélancolique que le précédent.
Décidément, Trouble Over Tokyo aime les beaux objets. Après le joli coffret de « Pyramids » arborant ses dessins enfantins, « The Hurricane » sort sous la forme d’un livre à la couverture si secrète qu’on a envie de le tenir avec des gants. S’improvisant écrivain, l’anglais exilé à Vienne accompagne chaque chanson de ses paroles et d’une nouvelle. Une pulsion artistique naissante procurée par la lecture du poème « Eloisa to Abelard » d’Alexander Pope qui, selon lui, a ouvert une porte spirituelle lui permettant de comprendre un peu mieux chaque forme d’art. Le côté fragile, puissant, et émouvant de sa voix opère sur « Bone », un chant rangé à juste titre par The Guardian entre Thom Yorke et Justin Timberlake. « Sleepwalker » s’ouvre ensuite sur des méli-mélos vocaux et un refrain hardi qui s’élève sur un escalator détraqué. Plus varié que son prédécesseur mais aussi moins spontané, « The Hurricane » offre aussi des instants math rock plongés dans un seau R’nB, comme « Kryptonite » ou « Wanderer ».
Globalement, Trouble Over Tokyo fait l’effet d’une baston d’oreillers, des échanges de sourires mêlés à des coups, sans douleur aucune, même si l’intense titre éponyme repartira effectivement avec vos meubles dans ce déluge de percussions, alors que l’on était en train de rêver sur la jolie berceuse « Flames Flicker ». Si « Eject » et « Leech » entretiennent un peu trop le mélodrame, ce genre de pluie d’étoiles ne nous laisse pas insensible sur le féérique « Pirouette » ou l’étrange tristesse presque contagieuse de « Flash Photographs ». Trouble Over Tokyo s’excuse, se reprend en main et se lâche sur cet album dont le sommet s’appelle « Operate », regardant Toph se muter en feu Michaël Jackson redescendu sur Terre pour terminer sa mission, celle de donner un sens à la pop music.
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