07 Juil 08 Tricky – « Knowle West Boy »
[Album]
07/07/2008
(Domino/Pias)
On ne va pas vous refaire l’histoire de Tricky, rabâchée comme celles des grands pontes que la musique contemporaine compte aujourd’hui. Juste rappeler à quel point l’Anglais touche à tout s’est toujours démené pour que sa musique demeure inclassable. Cinq ans après sa dernière apparition officielle, et alors que tous les dinosaures de Bristol font leur retour (Portishead et Martina Topley Bird récemment, Massive Attack à la rentrée), celui qui aura grandement contribué à l’ère trip hop rejoint Domino pour un nouvel album, aussi intéressant que peu surprenant pour qui connaît le phénomène. « Knowle West Boy », dont le titre fait référence au quartier dans lequel il a grandi, tisse en effet un résumé de son parcours, et reflète parfaitement cette ligne de conduite qu’il a toujours su garder intacte, malgré des hauts et des bas logiques pour qui n’est pas du genre à se contenter de la redite.
La diversité est donc un point essentiel de ce nouveau disque qui, avec les tons pour lesquels il opte, n’est pas sans laisser sur son passage quelques titres haut en couleurs. Mais pas que. Ainsi, les nostalgiques des eighties trouveront certainement leur compte dans ce « Puppy Toy » d’ouverture ou un Tricky langoureux, aidé d’Alex Mills au chant, plonge son trip hop dans une ambiance blues relaxée. Dans le genre daté et mollasson, « Joseph », « Past Mistake » et « School Gates » ne sont pas mal non plus, très éloignés en tous les cas de la somptueuse douceur « Cross The Bear » emmenée par l’Islandaise Hafdis. En revanche, ceux qui ont fait le deuil d’un genre peinant désormais à surprendre et passionner, préfèreront s’enthousiasmer sur quelques ovnis de bien meilleur goût: les énormes « Coalition » et « Council Estate » de la trempe du premier opus de Saul Williams, ou quand il reprend par exemple la recette « Black Steel » sur un « Veronika » au ragga/dancehall piétiné par un esprit guerrier, le même solidement posé sur le dub « Bacative » ou le plus rythmé « Baligaga ». Tous deux sont marqués par la contribution de Rodigan, le second rappelant incontestablement son concitoyen Roots Manuva
De quoi faire oublier les véritables ratés de ce « Knowle West Boy », notamment quand l’Anglais lorgne vers un rock au sex appeal ringard (« C’Mon Baby », « Slow », « Far Away ») contribuant à cette cohésion trop friable pour en faire un album référence, du moins l’équivalent de ses premiers opus dont il n’arrive toujours pas à se défaire de la comparaison. Un sort que, malgré tout, beaucoup lui envieront une fois achevée l’écoute de cette douzaine de titres tirant définitivement un trait sur le passable « Vulnerable » sur lequel on était resté. Nous voilà donc rassurés, mais qu’à moitié..
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