Trees Speak – ‘PostHuman’

Trees Speak – ‘PostHuman’

Album / Soul Jazz / 21.05.2021
Krautrock

Avec pas moins de trois albums en un peu plus de 12 mois, le duo instrumental de Tucson, Arizona, s’affirme comme un des groupes les plus stakhanovistes de la scène kraut actuelle. Se situant dans une filiation directe avec les pionniers de la kosmische muzik et de la no wave synthétique pour se retrouver sur un terrain aujourd’hui pas très éloigné de Beak, Trees Speak ronge, sur son nouvel album, jusqu’à la moelle l’idiome psychédélique inauguré par le groupe sur ses disques précédents.

En seize titres pour un peu moins de 40 minutes de musique, PostHuman nous trimballe sans temps mort à travers des plaines désertiques écrasées d’un soleil noir. Les irrépressibles basses synthétiques installent dès les premiers titres une atmosphère pesante et froide sur une rythmique martiale parsemée d’artefacts sonores qui combleront les diggers les plus avides de bizarreries rétros. Malgré leur caractère un tantinet éculé, les riffs simplistes et insidieux de Double Slit, Glass, Scheinwelt ou encore X Zeit n’en restent pas moins irrésistibles et font mouche à chaque fois grâce à la capacité impressionnante du groupe à générer des sonorités sombres et évocatrices.

L’autre atout majeur de PostHuman est de parvenir, malgré l’intensité de la matière déployée, à ne jamais totalement épuiser l’auditeur, en limitant la durée des titres (dont la majorité ne dépasse pas la barre des trois minutes) et en s’autorisant de nombreuses digressions malicieuses vers des terrains moins anxiogènes.

Entre les arpèges analogiques à la Tangerine Dream de Magic Transistor et Amnesia Transmitter, les saxophones hurlants de Chamber of Frequencies ou le jazz vaporeux de Divided Light, le groupe aime varier ses plaisirs et fournir autant de respirations bienvenues entre ses cavalcades oppressantes. Quantize Humanize, avec son vocoder désuet et ses synthés vintage, ressemble quant à lui à s’y méprendre à un inédit de Air pour ce qui constitue une des seules fautes de goût de l’album, avant de laisser place à un final dantesque survolé de cordes frottées cauchemardesques (Gläserner Mensch).

D’une homogénéité et d’une constance remarquable, PostHuman vient compléter avec brio les pérégrinations au cœur de l’étrange de ces artisans précieux du psychédélisme.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Gläserner Mensch, Glass, Scheinwelt, Chamber of Frequencies


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