19 Oct 12 Trash Talk – « 119 »
Album
(Odd Future/Trash Talk Collective)
08/10/2012
Hardcore
Un choix devait être fait quant à l’axe de jugement, et il ne va pas s’avérer si complexe. Doit-on seulement prendre en compte la musique, où également tout ce qui l’entoure? Il est assez compliqué de ne pas saisir l’opportunité de discourir sur la dernière proposition, surtout au sujet de Trash Talk qui officie depuis sept ans, diffusant de par le monde son hardcore punk minimaliste avec verve et convictions. Fidèle et brut, « 119 » ne manquera donc pas au propos, mais il ne faudra pas oublier de jeter quelques coups d’œil aux proches alentours.
Brassant les foules durant ses concerts violents et intenses, rondement menés par un Lee Spielman aussi chevelu que charismatique, Trash Talk est de ces groupes qui n’hésitent pas à prendre des sentiers qu’un gentil guide n’aurait pas recommandé. Pourtant, depuis un peu plus d’un an, le combo surfe surtout sur la hype californienne et l’engouement mondial autour du crew de hip-hop Odd Future et leur principal messie, Tyler The Creator. A tel point que le vieux Trash Talk se laisse un peu oublier, suit les mouvements à la lettre telle une ombre parfaite. C’est désormais une marque, un style, du skate aux casquettes, des chaussures à la weed: une belle démonstration de démocratisation du hardcore pur et dur, et tout le monde trouve ça génial.
Seulement, il n’y pas grand-chose à dire sur « 119 », album aux schémas récurrents, et aux classiques morceaux courts. Pas de quoi venir défier Ceremony par exemple qui excelle dans l’art de balancer une musique souvent très basique et très simple, mais paradoxalement riche et porteuse d’émotions. Ce qui n’est pas souvent le cas ici. Au contraire, le tout sonne un peu plus brouillon qu’auparavant, ce qui n’empêche pourtant pas Trash Talk de conserver l’essentiel: un style immédiatement identifiable, une dynamique quasi mécanique des instruments qui fait toute l’efficacité. Ca trace, c’est crié, ça marche à fond (« Exile On Broadway », « Bad Habbits »), certains titres se remarquent par leur authenticité (« Reasons » ou « F.E.B.N. », rappelant l’excellent « Awake »).
Malheureusement, les réjouissances sont brèves, et ces 14 titres alignés en 22 minutes n’ont rien de grandiose, au point de se révéler étrangement très vite ennuyeux. Trash Talk se contente donc seulement de livrer du Trash Talk et, plus occupé à façonner son image, en oublie ce qui fait l’histoire d’un grand groupe: l’originalité dans la progression, pour un renouvellement intelligent. Là, on fait trop vite fait le tour pour qu’on en décèle une once.
En écoute intégrale
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