
06 Août 22 TRAAMS – ‘Personal Best’
Album / Fat Cat / 22.07.2022
Post punk kraut
En 2015, TRAAMS nous avait secoué avec Modern Dancing, un album au son très new yorkais pour des résidents de Chichester. On se disait alors que la couronne britannique tenait son Parquet Courts, et que le trio allait bientôt revenir mettre le feu à la baraque. Ce fut bien le cas un an plus tard avec le single A House on Fire, et puis plus rien : Stu Hopkins a alors admis ne plus pouvoir écrire, puis ne plus avoir touché à sa guitare pendant deux ans. Ses deux acolytes semblent ne pas lui en avoir tenu rigueur : le bassiste Leigh Padley a intégré un autre projet avec Social Haul, alors que le batteur Adam Stock s’essayait à d’autres instruments et achetait des synthétiseurs. Des emplettes qui vont avoir leur importance pour la suite. Deux singles parus en 2020 semblaient donner un nouvel élan au groupe, en plus de lui donner une autre orientation en allant plus loin vers le krautrock.
2022, TRAAMS annonce enfin un nouvel album, Personal Best, et les extraits précédant la sortie viennent confirmer le constat établi deux ans plus tôt. Ainsi, Breathe s’étale le long de neuf minutes vaporeuses, la voix de Hopkins est doublée par celle – sensuelle – de Softlizard (aka Liza Violet de Menace Beach), et on pense à Moon Duo dans la manière dont la guitare serpente vers l’infini, dans un paysage sans obstacle. Sur cet album, le groupe a décidé de partager le micro, ce qui n’est pas une mauvaise idée, le chant manquant précédemment d’un brin de charisme. TRAAMS est alors allé trouver Joe Casey de Protomartyr qui désespérait qu’il se passe quelque chose en période de pandémie, et lui a demandé de prêcher tel un télé-évangéliste sur The Light at Night. Le titre retrouve l’énergie punk, avance comme une locomotive à plein régime alors que l’américain finit par haranguer son auditoire, déclamant avec vigueur autour du mantra belliqueux ‘Kill the body, the head dies’.
Quand arrive ce genre d’album, il faudrait résister aux extraits lâchés en éclaireur, et attendre la sortie pour le prendre tel quel, car il existe toujours la crainte que le reste ne soit pas à la hauteur, d’avoir déjà entendu ce qu’il y avait à entendre. Et c’est malheureusement le cas à l’écoute de Personal Best, tant les deux morceaux précités sortent du lot. Ainsi, des titres trop linéaires tels que Shields ou Hallie se suivent, la rythmique ne dévie pas d’un poil durant tout le morceau. Lorsque le paysage est identique sur des kilomètres, il arrive qu’on s’ennuie derrière sa fenêtre. On assiste ici aux limites du krautrock lorsqu’il ne parvient pas à ses fins hypnotiques. Malgré le travail de la guitare et des claviers, le constat est le même pour Comedown qui ne parvient pas à décoller au long de ses cinq minutes venant conclure l’album de manière soudaine, comme si quelqu’un avait arraché la prise.
C’est donc la déception qui prédomine à l’écoute de Personal Best, et on pourrait croire que ce titre est une nouvelle manifestation du fameux humour anglais. TRAAMS montre qu’il est capable du meilleur sur deux morceaux, mais ne parvient à tenir le niveau sur l’ensemble ou il explore de nouvelles pistes, sans toutefois aller au bout des choses. Après sept ans d’absence, et si l’espoir résiste en vue d’une éventuelle suite, on attendait quelque chose de plus abouti.
A ECOUTER EN PRIORITE
Breathe, The Light at Night
Pas de commentaire