Toy – ‘Happy In The Hollow’

Toy – ‘Happy In The Hollow’

Album / Tough Love / 25.01.2019
Trip onirique


Les londoniens de Toy – après des débuts fracassants et inspirés au début d’années 2010 marquées par la parution coup sur coup de deux albums de noise pop très élaborés – avaient grandement déçu les fans avec Clear Shot, dans lequel ils sombraient dans toutes les facilités de la variété. Tom Dougall et ses copains avaient-ils encore les moyens de rétablir leur crédibilité ? Happy in the Hollow apporte quelques réponses claires sur les orientations et les choix du groupe.

Tout d’abord, le virage atmosphérique claviers-machines est total et assumé. Quelques riffs saturés ou distordus surnagent encore sur deux titres (Sequence One et Energy), mais les guitares se font désormais rondes, propres et mélodiques. Pour le reste, le groupe a compris qu’on ne peut pas toujours compter sur sa seule inspiration, et s’est clairement remis au travail pour proposer onze morceaux sophistiqués et subtiles. L’équilibre et la justesse ainsi obtenus sont globalement efficaces, et on se laisse vite emporter par leur vague cosmique.

Sequence One, qui ouvre l’album, pose le cadre : brouillard d’échos de voix et de réverb, quelques distorsions de guitares qui laissent déjà transparaître leur envie de mélodie, et rythmique basse-batterie chaleureuse et trépidante. La montée progressive de cette intro est pleine de promesses. Mistake a Stranger adopte une harmonisation plus sage et monotone, plus spectrale aussi, densifiée par des effets de synthés vibratoires. Energy permet au groupe de rappeler efficacement les fans à son savoir-faire post-punk et bruitiste, alternant des phases purement rythmiques très élaborées et des déluges de cordes épileptiques.

Puis l’enchaînement des trois titres suivants est une merveille de cohérence et de progressivité. Voix traînante et noyée d’écho, basse ronflante, notes pincées de guitare alternant avec des accords plus profonds, Last Warmth of The Day est une invitation à un voyage onirique qui mène aux premières notes faussement légères de The Willo, morceau cathédrale de plus de sept minutes, diablement évolutif, emportant progressivement un chant monodique dans un final duo guitare-orgue anthologique. Enfin, Jolt Awake assure la redescente de cette exploration psychédélique avec un savoir-faire froid et métronomique digne de Beak, prolongée par Mechanism qui, dans cette même veine, explore une voie plus mélodique.

La fin de l’album est moins dense. Si on survit aux machines nasillardes qui enrobent Strangulation Day, on retrouve le goût nouveau de Toy pour les guitares acoustiques (aperçu dans Mistake a Stranger) dans l’instrumental Charlie’s House. Mais globalement, les derniers morceaux ont quand même moins de relief au regard de ce qui précède, et l’album s’étire dans une certaine monotonie. Difficile pourtant de le lui reprocher, tant le groupe réussit ici son tour de force, pour asseoir et assumer sa mutation.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Sequence One, Energy, Last Warmth of The Day, The Willo


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