TOTM – ‘Bliss / Blurred’

TOTM – ‘Bliss / Blurred’

Album / Flickering Lights / 01.02.2019
Post rock psyché


C’est Simon Reynolds, journaliste vétéran de la revue de musique expérimentale WIRE, qui en 1994 utilisa pour la première fois le terme ‘post-rock’ afin de parler de groupes utilisant des instrumentations rock à des fins non-rock. Terme aujourd’hui galvaudé, surutilisé, catégorie regroupant bien souvent des groupes qui finissent par limiter leur recherche sonore à des progressions rock classiques sans voix, le post-rock n’est qu’un premier qualificatif permettant de décrire TOTM.

Car TOTM défie réellement les genres. Formation belge qui sortait il y a deux ans son premier EP, le groupe revient ici à la charge avec le superbe Bliss/Blurred  fait d’instrumentations d’une beauté rare, déposées avec soin sur des rythmes syncopés. Et comme bien souvent, l’innovation se trouve dans l’agencement des influences : on est ici à la croisée des chemins entre d’un côté les aventures répétitives de Steve Reich et Terry Riley, et d’un autre le folk aux harmonies de voix ancrées dans un son pourtant définitivement ‘rock’, amplifié et lourd, tandis que la durée moyenne des morceaux (5 minutes) dénote une volonté pop.

Evitant les ficelles classiques du genre, l’univers sonore est patient, mélodieux et complexe. Entre les lignes de basse jouissives (Afterglow), les explosions polyrythmiques (Almighty Ocean), les moments de planage homériques et nerveux (River Crossing, pic de l’album avec sa partie centrale où l’on pense reconnaître de la flûte) ou autres dissolutions enchevêtrées de synthés qui anticipent un retour à une simplicité bien méritée (Ghost Dance), l’album surprend à chaque tournant tel d’enivrants sables mouvants.

A l’époque de la publication de son article, Simon Reynolds avait identifié Brian Eno comme ‘le prophète du post-rock’ de par son travail minutieux, presque scientifique du son en studio ; par opposition au simple copier-coller d’un live enregistré puis retranscrit sur un support physique qui était alors l’approche vantée par Joe Carducci (ancien A&R de chez SST Records) dans son essai Rock and the Pop Narcotic. Bien que l’on puisse éventuellement reprocher que la structure des morceaux suive trop souvent la progression ‘montée-climax-dissolution-retour’, on est ici face à un premier album rigoureux et d’une grande créativité, faisant le choix de la voie du milieu. Reste à voir ce dont le groupe est capable en live.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
River Crossing, Afterglow, Stellar Door, Almighty Ocean


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