Tinariwen – ‘Amadjar’

Tinariwen – ‘Amadjar’

Album / Anti / 06.09.2019
Blues touareg

Depuis une bonne dizaine d’années, les mélopées de Tinariwen ont empli l’espace musical, particulièrement dans la sphère rock/world. D’ovni il y a une décennie, le groupe s’est transformé en ambassadeur du blues touareg dans la foulée des albums Aman Iman et de Tassili, entraînant dans sa suite une série d’autre formations (Tamikrest ou Bombino), mais provoquant également une certaine uniformisation du genre.

Dix ans plus tard, et bien que le groupe existe en réalité depuis des décennies, cet Amadjar reste conforme aux attentes. Pas de chamboulement fondamental, pas de grand écart stylistique soudain, c’est du blues touareg pur jus malgré la pléthore d’invités conviés. Ces chants de contestation rythmés par des percussions et guitares électriques devenues familières (Amalouna) nous immergent à nouveau au sein de cette lutte pour un territoire.

De changement pourtant, il est question sur Amadjar. Les touches instrumentales des nombreux invités saupoudrent avec parcimonie ces morceaux d’une originalité qui les démarquent de leurs prédécesseurs. On percevra sans difficulté le violon de Warren Ellis, tantôt délicat sur un des meilleurs titres (Wartilla), tantôt plaintif sur (Mhadjar Yassouf Idjan). La conception est, elle aussi, pour le moins originale. En octobre 2018, suite au festival des cultures nomades dans le Sahara Marocain, le collectif reprend sa route vers la Mauritanie pour enregistrer son nouvel album. Ce périple se ponctue chaque soir, au gré de leurs campements, par l’élaboration de nouveaux morceaux à la lueur des étoiles. Pour les curieux, le son des guitares électriques joué par le vent au sommet d’une dune saharienne évoque bien cette ambiance (sur cette vidéo). Enfin, à proximité de Nouakchott, le groupe est rejoint par d’autres artistes locaux pour enregistrer leurs chansons dans une large tente, sans utiliser le moindre effet. Ce n’est qu’après que le fantasque, et fantastique, Warren Ellis des Bad Seeds, la mandoline et le charango de Micah Nelson (le délicat Taqkal Tarha) ou la voix spectrale de Cass McCombs sur Kel Tinawen, parachèvent ce travail soigneusement produit.

Portant les revendications de son peuple depuis des décennies, Tinariwen est autant le précurseur du blues touareg que son ambassadeur le plus fidèle. Et si, victime de son succès, il a peut-être perdu de son originalité aujourd’hui, ce blues aride – nourri par la répression et la rébellion – reste diablement authentique et enivrant.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Wartilla, Kel Tinawen


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