30 Mar 11 Timber Timbre – « Creep On Creepin’ On »
Album
(Arts & Crafts)
04/04/2011
Folk Blues Soul
Deux ans après s’être fait un nom grâce à un disque éponyme très remarqué – le troisième du groupe et premier pour Arts & Craft – les Canadiens de Timber Timbre reviennent en ce printemps avec « Creep On Creepin’On », prêts à en découdre avec les derniers réticents comme à marcher sur les plates-bandes d’une vive concurrence. Car si le combo possède désormais son petit jardin privé, pas de doute que les aficionados d’Okkervil River qui iront s’offrir le nouvel album pourront à coups sur pousser l’investissement jusque dans cet opus qui ne bousculera en rien leurs repères. En effet, comme chez la bande de Will Sheff, Timber Timbre n’a pas son pareil quand il s’agit de décliner un folk qu’il agrémente généreusement de pincées de blues, de touches soul parfois très prononcées (écoutez « Black Water » si vous en doutez), comme d’ambiances cinématographiques propices à la plus débordante des imaginations.
Il est donc rarement question chez lui de prés en fleurs ou de matins ensoleillés. Dès l’ouverture de cette nouvelle livraison (« Bad Ritual »), c’est plutôt dans un bar miteux que les Canadiens nous plantent. Là, ils nous incitent à noyer nos peines dans un bon verre de vin, voire carrément dans une bouteille pour ceux chez qui modération n’est pas pêché. Sa musique fait ensuite le reste: elle nous transporte, nous offre quelques moments uniques de beauté ténébreuse, qu’ils soient simplement musicaux (« Woman », ‘Lonesome Hunter »), ou réelle invitation à se plonger dans de futurs thrillers aussi tortueux qu’imaginaires (« Obelisk », « Swamp Magic »). Taylor Kirk, crooner à la voix profonde et nonchalante mais jamais ennuyante, est évidemment pour beaucoup dans les éclats de Timber Timbre. Pour preuve, il lui suffit parfois seulement de quelques intonations pour nous ramener plusieurs décennies en arrière, dans un cabaret où l’on viendrait écouter silencieusement les complaintes de son groupe. On s’y voit même quand il susurre « All I Need Is Some Sunshine » d’une voix superbement fatiguée sur le décidément magnifique « Black Water ».
Élégant, soigné, feutré, authentique et loin des modes, « Creep On Creepin On » sonne incontestablement l’heure de l’éclosion définitive de Timber Timbre. À l’aise dans son art, maître de nos émotions, et parfaitement épaulé, le multi instrumentiste Taylor Kirk – tel un artiste rendu au point de l’autodestruction – se permet même de refermer la parenthèse sur un « Souvenirs » presque malsain, transformant les effluves du bon vin en quelques aigreurs d’estomac imprévues. Pas de doute pourtant, ce disque passera les saisons et sera encore un des meilleurs alliés du prochain hiver.
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