Tim Darcy – ‘Saturday Night’

Tim Darcy – ‘Saturday Night’

Album / Jagjaguwar / 17.02.2017
Indie pop – noise folk

Quelques années de réflexions – ainsi que quelques personnes convaincantes – auront fallu à Tim Darcy pour accepter de faire le grand saut et s’échapper temporairement de Ought afin de s’accorder une première escapade en solo. Enregistré en parallèle du second album de son groupe, ce premier effort solo voit l’éclosion d’un songwriter à la fois plus mature que jamais, mais aussi pétri d’une incroyable vulnérabilité. Le jeune homme se confie ici sur ses tourments existentiels, sur des questionnements légitimes à toutes jeunesses, et dans des textes bien plus souvent empreints de poésie et de légèreté que d’engagement personnel comme il a pu le faire par le passé au sein de la formation montréalaise. Si par moments certains effets de style dans son interprétation et dans ses choix artistiques nous conduiraient à nous interroger sur ses ambitions, l’humilité et le naturel qui se dégagent globalement de ce ‘Saturday Night’ nous amènent à le penser comme un humble et simple poète musicien plutôt qu’en nouvelle figure arty façon David Byrne.

Musicalement, le montréalais d’adoption nous livre ici un merveilleux assemblage de musique folk et d’americana traditionnel, faisant écho à des références insoupçonnées telles que les Ramones (l’énergique ‘You Felt Comfort’), Syd Barrett (‘Found My Limit’, ainsi que la seconde partie de ‘Joan Pt 1, 2’), Roy Orbison (le doux et suave ‘Still Waking Up’), ou bien encore le Velvet Underground (l’entame ‘Tall Glass Of Water’). Indéniablement lo-fi dans sa production, ce ‘Saturday Night’ n’en cache pas moins quelques ambitions et autres trouvailles sonores, et s’avère au final bien plus chaleureux, intelligent et faussement brouillon qu’il n’y paraît (l’instrumental et très cinématographique ‘First Final Days’, ainsi que l’enchainement ‘What’d You Release’ / ‘Beyond Me’).

En conclusion, le vrai retour à l’intimité pour Tim Darcy. Il semble très fragile sur cet album, mais aussi paradoxalement en pleine possession de ses moyens. Le jeune garçon, qu’on sent à la fois joueur et espiègle, se retrouve ici dans un univers sonore qui lui semble bien plus naturel et confortable qu’au sein de Ought, et les quelques tentatives expérimentales entendues sur le disque sonnent d’ailleurs comme celles qui semblent les plus intéressantes de sa future carrière solo. Dans tous les cas, une chose est sûre, cette escapade solitaire ne peut être que salvatrice et enrichissante pour son groupe et promet donc bien des nouveautés quant au futur de la formation montréalaise qu’on ne tardera certainement pas à retrouver, peut-être même avant la fin de l’année qui sait.

A VOIR
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

‘Joan Pt 1, 2’, ‘Still Waking Up’, ‘First Final Days’, ‘Saint Germain’


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