12 Avr 20 Thundercat – ‘It Is What It Is’
Album / Brainfeeder / 03.04.2020
Soul funk
Que se cache t-il derrière It Is What It Is, cinquième album de Thundercat au titre aussi laconique qu’imprévisible ? Consacré à ‘l’amour, la perte, la vie et à ses hauts et bas‘, ce nouveau chapitre épouse de nouveau la disparité euphorique qui formait toute la colonne vertébrale de Drunk : une succession fugace de blagues absurdes, de lignes de basse infernales et de douces crooneries ensoleillées.
Derrière cette variété, se dissimule aussi aujourd’hui le portrait d’un artiste récemment meurtri par la perte d’un ami proche, le rappeur Mac Miller décédé l’année dernière. Et si Thundercat n’a pas pour autant versé dans la complainte et le pathétique, on ne peut s’empêcher de sentir chez lui le désir de s’échapper et d’oublier pour un temps le poids de la tragédie. Un lendemain de cuite, sans chaussettes et sans téléphone, conté sur l’ouverture d’I Love Louis Cole (avec le Louis Cole en question), tout comme une envie d’oublier (Funny Thing) sonnent désormais comme autant de tentatives de fuite du quotidien.
Ces sentiments voilés que Thundercat exprime au détour d’une blague ou d’une tentative de séduction, durag sur la tête (le délicieux Dragonball Durag), on les retrouve une fois de plus dans une multiplicité de formes : jazz cosmique emmené par une cavalcade rythmique (I Love Louis Cole), funk boisé tout en bois précieux et lustres d’antan (Dragonball Durag, la chorale intergénérationnelle de Black Qualls menée par Steve Lacy, Childish Gambino et Steve Arrington), tous conduits par un souci du détail et une attention portée aux effets qui complètent toujours davantage l’évolution de Thundercat en tant que songwriter affirmé, là où ce dernier se cachait encore derrière sa basse il y a quelques années.
Sans révolution, le bonhomme poursuit donc son évolution. A la fois léger et grave, disparate et cohérent, It Is What It Is est un album en forme d’oxymore, qui se termine sur un groove mélancolique introduit par un ‘Hey Mac‘ discret, en forme d’hommage silencieux à un ami parti trop tôt, et qui hante de son absence les parcelles et les angles de ces morceaux définitivement à part dans la discographie du bassiste californien.
A ECOUTER EN PRIORITE
I Love Louis Cole, Black Qualls, Funny Thing, Dragonball Durag, King Of The Hill, It Is What It Is
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