These Arms Are Snakes – ‘Duct Tape & Shivering Crows’

Album / Suicide Squeeze / 15.04.2022
Post hardcore

Parmi les noms qui auront marqué le post-hardcore des années 2000, on trouve These Arms Are Snakes, quatuor fondé par des ex-Botch, faisant un peu office d’ovni au sein de cette scène par les différents styles qu’il réussissait à intégrer habilement dans sa musique. Grâce à des riffs noise rock lancinants façon The Jesus Lizard, ou certains plans de batterie typés math rock ou même post-punk, le groupe a toujours su dépasser les comparaisons hâtives avec des formations telles qu’At the Drive-In. Aussi, l’utilisation de synthés, de divers effets guitare et basse contribuait au côté psychédélique de sa musique au point d’en faire sa marque de fabrique. A ce propos, Brian Cook, fournisseur des lignes massives de quatre cordes, aime à rappeler que nombre de morceaux ont été inspirés par l’utilisation de nouvelles pédales. Enfin, impossible de ne pas mentionner un autre aspect singulier de la bande de Seattle : le chant de Steve Snere, tantôt clair, tantôt criard, mais toujours habité et percutant, exprimant une certaine urgence que l’on pouvait d’autant plus ressentir sur scène alors qu’il s’agitait comme un beau diable, entre l’énergie de Cedric Bixler (ATDI) et la folie d’Alexis Marshall (Daughters).

Bien qu’ayant rencontré un succès limité à l’époque, These Arms Are Snakes est resté unique en son genre et a su séduire une solide fanbase qui, depuis, lui est restée fidèle. L’annonce de sa séparation en 2009 avait donc laissé un goût plutôt amer. Aussi, l’an dernier, à l’annonce sur les réseaux sociaux d’une ‘grande nouvelle’ le concernant, on imaginait un nouvel opus, même une tournée. Au final, il s’agissait ‘seulement’ d’une poignée de dates américaines à l’occasion de la sortie d’un album de B-sides et de raretés constitué à moitié de titres issus des divers splits avec Harkonen, Russian Circles ou encore Tropics, à l’exception de celui partagé avec Pelican qui aurait bouclé la boucle.   

Aussi, les morceaux Washburn et Old Paradise – chutes de studio respectives de Tail Swallower & Dove et Easter – condensent le meilleur du son de These Arms Are Snakes, quand Payday Loans et Hook on This font nettement ressortir les racines hardcore du combo. La version du Heart Shaped Box de Nirvana – déjà présente sur l’album hommage In Utero, In Tribute, In Entirety – apporte son lot supplémentaire de noirceur et de lourdeur au morceau original, sans pour autant le dénaturer. Enfin, les démos du premier EP This Is Meant To Hurt You, bien qu’assez proches des versions finales, nous donnent, quant à elles, une perspective plus brute des compositions du groupe.   

Comme tout disque de B-sides et de raretés, Duct Tape & Shivering Crows peut sembler dispensable, plus encore à une époque où le streaming est roi. Pourtant, cette sortie contentera les inconditionnels de These Arms Are Snakes, tout en donnant la possibilité aux amateurs de vinyles de compléter leur collection sans se ruiner. On peut aussi y voir l’occasion d’une session de rattrapage pour celles et ceux qui seraient passés à côté de ce joyau du post-hardcore, même si une introduction via les LPs Easter et Oxeneers or the Lion Sleeps When Its Antelope Go Home peut s’avérer encore plus opportune. Puis forcément, à une époque où les reformations sont monnaie courante, rêvons d’un nouvel album et d’une tournée américaine si l’agenda bien rempli de Brian Cook – bien occupé entre Sumac, Russian Circles et son projet solo – veut bien le permettre. Après tout, pourquoi pas ?