
30 Août 17 The War On Drugs – ‘A Deeper Understanding’
Album / Atlantic / 25.08.2017
Indie rock
En 2014, avec un ‘Lost in the Dream‘ pour le moins inspiré, The War On Drugs avait surpris par ce son, cette alchimie capable d’évoquer le rock alternatif britannique jusqu’au rock US de Springsteen, de Dylan en passant de la pop psychédélique de Mercury Rev. Sachant qu’Adam Granduciel est capable de bosser plusieurs mois pour trouver un son, un détail, l’album avait aussi marqué les esprits par la qualité de production de ses 10 chansons. Le groupe désormais sorti de l’ombre grâce à un bel accueil critique, et signé chez Atlantic Records, on attendait ce quatrième album avec la même appréhension que l’exercice périlleux du fatidique – ou pas – deuxième long format.
Adam Granduciel, rescapé de la formation originelle avec son comparse David Hartley à la basse, a ici gardé quelques habitudes : un goût pour les chansons à rallonge, les effets surannés de guitares et de claviers qu’il faut considérer comme des sortes de clins d’oeil de sa culture musicale quelque peu galvaudée. Il y a sans doute quelque chose d’un peu démonstratif dans cette recherche à vouloir embrasser autant de genres et de gimmicks dans un même album, voire dans une même chanson. C’est bien foutu, c’est vrai, mais l’artillerie lourde est un peu trop rutilante à beaucoup d’endroits. Les prouesses mélodiques ne manquent pas, mais sont malheureusement atténuées par des artifices ou effets qui ne servent pas toujours les chansons.
Pourquoi vouloir sonner comme Tame Impala en jouant de la gratte comme Mark Knopfler, ou en chantant comme Phil Collins ? Ecouter The War On Drugs, c’est un peu comme écouter les albums de Leonard Cohen des années 2000 : ça pique les oreilles, mais c’est sauvé par l’écriture et le travail mélodique. Mais pourquoi ce saxophone ici ? Pourquoi ce clavier claudiquant ? Ça aurait été tellement mieux sans… Le groupe a t-il viré sa cuti pour sonner mainstream et faire la tournée des stades comme il semble le vouloir ? Non, parce que ces petits travers étaient déjà présents sur l’album précèdent. Ces petits défauts qui rendaient la chose presque artisanale, c’était même devenu une petite marque de fabrique.
Pourtant, dès que les chansons sont plus contenues, avec un peu plus de volume, que le vibrato est maintenu à bonne distance, la magie peut enfin opérer (‘Knocked Down’, ‘Clean Living’, ‘Thinking Of A Place’, l’un des sommets du disque ). On n’ aura donc pas été subjugués par ‘A Deeper Understanding’, même si on reconnaît que The War On Drugs est à la confluence d’une musique – le rock américain – qu’il faut prendre avec ses vieux démons, son histoire, ses travers, ses excès, son originalité, sa complexité. Dans cet exercice, Kurt Wagner, Mark Eitzel et j’en passe, ont peut-être davantage trouvé la synthèse de l’histoire musicale de leur pays.
A ECOUTER EN PRIORITE
‘Pain’, ‘Strangest Thing’, ‘Knocked Down’, ‘Thinking of a Place’
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