
26 Jan 24 The Umbrellas – ‘Fairweather Friend’
Album / Tough Love / 26.01.2024
Jangle pop
Découvrir The Umbrellas un jour froid et pluvieux est une forme de révélation. Ce nom, déjà, qui ne cadre pas avec l’origine californienne du groupe, se trouve être, par le meilleur des hasards, en parfaite résonance avec le temps de saison, tout en évoquant également mais peut-être en forçant un peu le trait, l’âge d’or de la comédie musicale française, du côté de Cherbourg et de son romantisme déçu. Et ce titre d’album qui renvoie parfaitement à ce dont on a besoin quand on essaye de se protéger tant bien que mal de l’hostilité des éléments : Fairweather Friend, l’ami des beaux jours. N’est-ce pas de cela dont nous rêvons, au mois de janvier, du printemps et de la chaleur lumineuse de l’été ? On peut donc bénir The Umbrellas de nous offrir dix chansons jouant le rôle de baumes au coeur, accomplissant le délicieux exploit de nous donner un avant goût de la période estivale au coeur de la grisaille hivernale.
D’emblée, avec Three Cheers !, on pense à des références anglaises comme les Pale Saints pour la batterie trépidante servant d’habile contrepoint aux guitares plus carillonnantes, mais également aux Pastels pour ce chant mélodieux n’hésitant pas à assumer sa fragilité dans les graves. Mais c’est avec l’époustouflant Goodbye que les choses sérieuses commencent : on verse alors du côté du storytelling enjoué mais mélancolique de Belle And Sebastian, avec le relai de la voix féminine du groupe emballant une mélodie impeccable que l’on imaginerait sans peine issue du film God Help The Girl, mais sans rien perdre de l’énergie insufflée par une rythmique robuste et déterminée. Toe The line, rapide et de retour dans les graves avec la voix masculine, confirme bien l’identité américaine du quatuor qui transparaît dans l’énergie et le son assez brut qui enveloppe les compositions. C’est sans doute là que se situe l’originalité de ce second album de The Umbrellas : une exigence pop qui permet au groupe d’enchaîner des airs tout à tour mélancoliques et apaisés, enjoués et sautillants ou pressés de se lancer à toute vitesse vers un avenir qu’ils osent envisager doré, mais également le désir farouche de ruer dans les brancards caractéristique du garage rock, qui permet de confronter les mélodies au réel dont on sait pourtant qu’il ne leur fera pas de cadeau. Et c’est ce qui est remarquable avec le quatuor californien, ce refus de faire de la pop le simple moyen de la rêverie : si imagination il doit y avoir, c’est à sa capacité à investir le quotidien pour le métamorphoser qu’il faudra la juger.
Cette tension entre réalisme et idéalisme se redouble en une autre, qui voit les références d’Outre-Manche être bousculées par celles, bien californiennes, qui ont donné leurs lettres de noblesse à la jangle pop. Ainsi, Echoes, belle ballade du milieu de l’album peut évoquer The Sundays, alors que Games lance des refrains dignes des girls bands produits comme dans un rêve par Phil Spector, mais en les agrégeant à un ensemble ayant la frénésie de certains morceaux des Replacements. Plus loin, ce sont les arpèges cristallins de Gone qui font planer l’ombre des Byrds, mais se télescopant avec l’approche plus noisy de The Dream Syndicate. Cette variété d’inspirations ne produit pourtant pas un patchwork décousu, mais bel et bien un ensemble homogène structuré d’un côté par l’alternance des deux voix, féminine et masculine, la première prenant de la hauteur dans les aigus, la seconde ramenant sur terre en n’hésitant pas à s’essouffler dans les graves, et de l’autre par cette dualité dans l’instrumentation qui voit d’une part les guitares osciller entre la luminosité de la pop et la densité plus âpre du rock, relayées alors par une rythmique rompue aux courses effrénées.
Fairweather Friend combine donc de façon étonnante aptitude à la contemplation et sentiment d’urgence, perfection mélodique et maladresses DIY, abstraction exigeante et spontanéité bien vivante, à l’image de 10, superbe morceau final à deux voix, nerveux et enlevé, déployant aux quatre vents son refrain plein de confiance en ce qui vient. Rarement on aura autant souhaité se laisser abriter sous des parapluies, californiens qui plus est, afin de pouvoir profiter de la compagnie de l’ami que nous attendions sans le savoir, celui qui annonce les beaux jours.
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