The Sirens of Titan – ‘Age of Treason’

The Sirens of Titan – ‘Age of Treason’

Album / Atlantic Curve / 25.08.2023
Rock psyché

Sortez de ce corps, Syd Barrett et Marc Bolan, vous suscitez chez les vivants des vocations artistiques alors que ce monde manque de main d’œuvre dans le bâtiment et l’industrie. Vous voulez créer de la beauté alors qu’il nous faut creuser des mines sans fond et raser les forêts. Non, nous courons à notre perte si nous ne mettons pas le plaisir au centre de toute chose et ces âmes-là y travaillent. Ainsi devisaient du haut d’une Olympe des Dieux laborieux et d’autres plus aériens, au sujet du citoyen britannique John-Paul Pryor. Ce dernier passe d’une discipline à une autre depuis le début de ce millénaire, de la musique avec les bruyants et éphémères Lancaster Bombers à l’écriture des nouvelles, de poèmes, l’édition, l’organisation d’expositions. Bref, toute une vie au service de la pop culture, avec une solide expérience en avant-premières et vernissages. En 2017, il enregistrait en condition de quasi-live un premier album de The Sirens of Titan, un nom emprunté au roman de science fiction culte de Kurt Vonnegut, dont notre homme affectionne les mots ‘Anything can make me stop and look and wonder, and sometimes learn’. Une phrase qui résonne à l’heure d’un nouvel album, Age of Treason, qui semble suspendre le temps.

On est vite saisi par la beauté contemplative de Black Heart Beating, un titre d’ouverture aux arrangements délicats qui nous attirent dans ses méandres scintillants comme les sirènes faisaient passer par-dessus bord des matelots béats. Ballades et titres plus rock se succèdent le long de cet album qui résonne comme un subtil appel aux péchés capitaux, paresse et luxure en tête. Ainsi, Bury Me in Black Sand séduit par ses guitares cabotines, Vicious Soul par son groove fainéant, ou encore The Lightning and the Sea par ses airs Honky Tonk. January Jones est lui très Stonien avec ses airs de Gimme Shelter.

Comment se passe le quart d’heure des slows Outre-Manche ? Sûr qu’au bal du collège de John-Paul Pryor, ce n’était ni Céline Dion ni Whitney Houston qui emplissaient l’espace de leur voix à percer des tympans. Notre homme semblant ne pas en avoir encore fini avec le Cosmic Dancer de T. Rex, est-ce un rêve ou un souvenir qui le poursuit ? Les premières notes qui retentissent et son regard qui se noie dans celui, infiniment profond, d’une Jane ou d’une Kate … Alors que la voix se fait presque ronronnante sur le très psychédélique, et à la fois mélancolique, Leave a Light On, Bunny vient appuyer là où ça fait mal. Poignant, mais est-ce que le quart d’heure des slows existe encore ?

Le final est plus puissant encore. Deux morceaux entamés au piano lancent les allégories au-delà du monde des vivants. ‘Let’s drink the blood of lovers and celebrate our sin’ entend-on au détour de I Am Love (My Demon Friends), dans une ambiance qu’on imagine entre le Dracula de Coppola et Only Lovers Left Alive de Jarmush. Enfin, le Leviathan en personne est invoqué, afin de sortir notre protagoniste d’un océan de ténèbres. C’est grandiloquent, à la hauteur du nom du groupe, et le final l’est encore plus, floydien à souhait, mais cette fois, Syd avait rejoint sa chambre pour toujours.

Avec Age of Treason, The Sirens of Titan signent un album parfait dans son style. On peut toujours se demander si c’est le disque en tant que tel qui nous plait ou les références qui en découlent, mais franchement, à quoi bon ? Malgré les tensions entre sentiments opposés que l’on ressent à l’écoute, il paraît évident que Dionysos est sorti vainqueur de la discussion initiale. Alors pourquoi bouder son plaisir ?

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Black Heart Beating, January Jones, The Limits of Control, I Am Love (My Demon Friends)


No Comments

Post A Comment