16 Mar 12 The Shins – « Port of Morrow »
Album
(Columbia)
19/03/2012
Pop
Cinq ans sont passés depuis « Wincing The Night Away », dernier album de The Shins sorti à l’apogée de sa popularité. Depuis, pas grand chose, si ce n’est un contrat rendu à Sub Pop et la rencontre de James Mercer et Dangermouse qui amena le frontman à participer au projet Dark Night Of The Soul, puis à pousser la collaboration jusqu’à Broken Bells, sorte de super groupe ou le groove du producteur venait habilement enrober son sens particulier de la mélodie. Pas grand chose peut être, mais certainement assez pour mettre en branle le capital confiance que son public avec accumulé au fil de ses trois premiers albums. Entouré de surcroit d’un nouveau line up qui allait forcément aussi avoir son mot à dire sur le rendu final de ce nouvel album, James Mercer fait ainsi renaitre The Shins de ses cendres et le relance à la conquête d’un statut mis trop longtemps en veille en cette époque ou tout va plus vite.
Doté d’une assurance à tout crin depuis qu’il s’est frotté à l’avis influent du faiseur de tubes sans égal, et toujours bien calé sur ses deux essieux d’origine que sont sa voix sans pareil et ses mélodies reconnaissables entre mille, le songwriter s’en va remettre la berline sur la voie d’une pop avec laquelle il est depuis longtemps familier. Sans jamais révolutionner l’art de The Shins, « Port Of Morrow » marque cependant sa différence avec les précédents albums, tous moins léchés, perfectionnistes et produits que lui. Ainsi, si on retrouve assez de tubes dignes de son rang, que la recette est encore assez préservée pour satisfaire les insatiables nostalgiques, les autres ne manqueront pas de pointer du doigt ce son souvent trop propre, comme la trop forte présence de synthés et d’arrangements électroniques contribuant pleinement à rendre les morceaux beaucoup trop lisses pour qu’ils restent touchants. Titre éponyme, si tu m’entends…
Dès lors, on apprécie à leur juste valeur les franches réussites de ce disque (« The Rifle’s Spiral », « It’s Only Life), y compris les plus prévisibles (les mélancoliques « September », »For a Fool »), et on attrape au bond le moindre éclair de génie (les refrains imparables de « Simple Song » et « No Way Down ») pour tenter d’étouffer la déception qui menace à l’écoute des quelques platitudes venant plomber ce « Port Of Morrow » drapé d’une allure événementielle depuis qu’il s’est annoncé. « Bait And Switch », « Fall Of 82 », ou ce « 40 Marke Strasse » tentant de concurrencer The Kooks sur leur terrain le plus marécageux, sont ainsi quelques bémols venant ternir la fête, à défaut de la gâcher. The Shins a beau la viser, la perfection n’existe pas.
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