01 Nov 02 The Roots – « Phrenology »
[Album]
01/11/2002
(MCA/Universal)
Depuis l’album « The Roots Come Alive » et les diverses rumeurs quant à l’éventuelle séparation du combo, se sont écoulées trois longues années d’attente
Fin 2002, les b-boys de Philadelphie nous offrent enfin leur nouvel album « Phrenology ». L’attente qui nous rongea se voit largement apaisée. Pratiquement aucun regret ne vient assombrir le tableau d’une carrière irréprochable qui, au cours des différents albums, s’est affinée et a mûri sans jamais pourrir. Sur ce nouvel opus, les choix artistiques se sont une fois de plus dirigés vers l’innovation musicale, les arrangements soignés et un tonus inaltérable. La verve et l’énergie acoustique reste intacte, chaque titre vaut son pesant d’or
L’indexation des tracks est toujours en rapport avec les précédents albums, c’est pourquoi le premier est numéroté 87, originalité et concept suivi à la lettre dans toute la démarche artistique des Roots, l’évolution des numéros étant comparable à celle du groupe
Ce sont donc 14 titres (dont deux fantômes) qui s’emparent de nos tympans pour ne plus les relâcher un seul instant, séduisants au point de faire tourner le disque en boucle jours après jours, nous offrant une musique fraîche, neuve et revivifiante. Dès le départ, « Rock You », « Sacrifice » avec Nelly Furtado, et « Rolling With Heat » avec Talib Kweli nous mettent en bouche une atmosphère Hip-hop, Nu-Soul, R’n’B assez loin du pur hip-hop acoustique auquel The Roots nous avait habitués. Un épais nuage nous happe pour nous mener dans des profondeurs mélodieuses et dorées. Une fois en appétit, le grand « Thought@Work » (pour ceux qui ignoreraient que le rappeur s’appelle Black Tought…) nous aguiche à grands coups de samples de percus mythiques de The Incredible Bongo Band et de raps à la sonorité saturée et au flow sans égal dans la région, condensé dancefloor hip-hop. Juste derrière, le hit rock « The Seed », mené par un riff de guitare simplifié au possible pour laisser la place à une basse engageante et à un rap agitateur qui brillent de milles feux lorsqu’au refrain le chant pop-rock de Cody Chesnutt replace tout dans un contexte tubesque. Comme pour ajouter un supplice au délice, « Break You Off », single paru avant la sortie de l’album -aux allures de prime abord putassier- prouve ici son sens, nous posant sur les épaules un morceau raffiné et évolutif de R’n’B comme nous aimerions en entendre tous les jours sur nos ondes inécoutables, affichant le chanteur Musiq comme un artiste modeste sachant se poser où il faut sans en rajouter
Le manège magique des titres grandioses ne s’arrête pas là! « Water », hip-hop psychédélique soul, ferait danser un mort. « Pussy Galore », au texte rageur et à l’instrumental se gratifiant d’un arpège mélancolique, de claviers grinçants et de basses ronchonnes, se donne des allures de tube radio justifié. « Complexity » avec Jill Scott ne sait malheureusement pas mettre en valeur les talents de chacun et apporte une vague platitude à l’album. Le morceau caché « Rhymes And Hammo » est largement digne des précédents succès du groupe puuisqu’il évolue dans un hip-hop conduit de mains de maître par le combo s’offrant une seconde fois la présence non négligeable de Talib Kweli. Enfin, le deuxième titre fantôme « Thirsty! » est un classique hard-techno (les aficionados du style seront ravis) agité par les flows et beat-box de Scratch (le successeur de Rahzel), de quoi repousser à jamais les plus imperméables
« Phrenology », qui ne paraît pas indispensable à la première écoute, se révèle être un album incontournable, marquant encore une fois l’histoire de la musique au fer rouge. Tout le monde devrait s’y retrouver, s’y perdre et s’y attarder. Un opus qui saura remettre tout le monde à sa place modestement. La claque se prend en douceur, bien assis chez soi ou debout au milieu d’un dancefloor
Tout y est: la musique, les textes, la cohérence et la sincérité. Merci
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