The Poison Arrows – ‘Crime & Soda’

Album / Solid Brass / 16.06.2023
Noise rock

The Poison Arrows est ce que l’on peut appeler un pur produit de la scène noise rock de Chicago, Justin Sinkovich (chant, guitare) ayant fait ses armes au sein de la formation locale Atombombpocketknife, et Adam Reach (batterie) ayant bossé au sein du fameux label Touch & Go. Si l’on ajoute à cela une fidélité sans faille envers Greg Norman (studio Electrical Audio) pour l’enregistrement de ses albums, ainsi qu’envers Bob Weston (Shellac) pour l’étape du mastering, tout chez le trio converge vers celle que l’on nomme la ‘Windy City’. Ajoutez à cela une basse tenue d’une main de maître par Pat Morris des mythiques Don Caballero – ancien groupe Touch & Go – et la boucle est définitivement bouclée.

Avec ce cinquième long format en bientôt vingt ans d’existence, l’activité de The Poison Arrows pourrait paraître relativement sporadique. Reste que ces Chicagoans sont avant tout unis par des liens d’amitié très forts et une connexion artistique quasi-fusionnelle. Sinkovich s’explique: ‘Il arrive qu’on ne se retrouve qu’après plusieurs mois au local de répétition, et rejouer ensemble se fait alors automatiquement, presque sans efforts… C’est comme s’il y avait ce lien vraiment spécial de télépathie entre nous trois. S’il n’y avait pas ces contraintes logistiques et nos responsabilités d’adultes, on pourrait facilement écrire 100 morceaux par an !‘.

D’ailleurs, à l’écoute de leur discographie, ce constat de parfaite symbiose saute très vite aux oreilles, au point qu’on peine franchement à identifier ne serait-ce qu’un seul accident de parcours. Et ce nouvel opus ne fait pas exception à la règle. Mieux encore, il surpasse l’excellent War Regards sorti l’an dernier, The Poison Arrows ayant peaufiné cette formule qui fait définitivement mouche à chaque coup : section rythmique solide sublimée par des lignes de basse omniprésentes et ultra-chiadées servies par un Pat Morris décidément en très grande forme ; plans de guitares aussi lancinants, complexes et lumineux que véritablement explosifs ; le tout stabilisé par cette voix hypnotique rappelant celle de Scott McCloud (Girls Against Boys) qui nous guide sereinement au fil de la narration de chacun des neuf titres.

Crime and Soda combine ainsi à merveille un son noise rock très nineties, avec une qualité de production plus moderne. Encore bien trop méconnu jusque-là, ce trio mérite donc la plus grande attention, à commencer par celle des fans de formations cultes telles que Dianogah, Shipping News, June Of 44, et bien évidemment Girls Against Boys…