The National – ‘I Am Easy to Find’

The National – ‘I Am Easy to Find’

Album / 4AD/ 17.05.2019
Pop rock

A la tension et l’électricité des débuts, The National a depuis longtemps substitué une approche plus ‘élastique’, diluant ses morceaux pour leur apporter une multitude de niveaux d’écoute. Une transition qui date de 2013 et son sixième album Trouble Will Find Me. Terminé les grandes envolées rageuses de Terrible Love, Mistaken For Strangers ou Mr November. Si deux ou trois titres restaient pour animer la flamme rock des premiers fans, c’est bien plus à travers la narration, les atmosphères et la qualité des arrangements qu’il fallait juger ce nouveau The National. Comme si à mesure qu’il s’imposait en figure majeure de la musique contemporaine dans la lignée de Steve Reich, le binôme compositeur Aaron et Bryce Dessner avait fini par imposer ses propres vues au rock grand public du groupe.

En ce sens, I Am Easy To Find s’inscrit de façon limpide dans cette continuité. Chose d’autant moins surprenante qu’il apparaît moins de deux ans après le déjà très soigné Sleep Well Beast. On imagine que l’élan créatif ne s’était pas tarit. C’est pourtant avec un titre nerveux, You Had Your Soul With You, que l’album s’ouvre. Ce qui nous fait penser étrangement que c’est là où il excellait il y a presque dix ans que The National convainc le moins aujourd’hui. Le riff de guitare épileptique tourne frénétiquement pour finalement sonner comme un parasite à l’oreille. Car les arrangements de corde qui suivent derrière sont sublimes. Composés par Bryce Dessner à Paris, ils jouent là un rôle essentiel sur l’ensemble du disque. Une emphase qui, rassurez-vous, ne souffre pas d’un effet U2. L’entremise de contrepoints musicaux comme la voix plus grave et calme de Berninger désamorce judicieusement ce risque.

Mais comme un signe supplémentaire de l’intention orchestrale de I Am Easy To Find, ce sont aussi des invités qui s’accumulent en nombre. Jugez plutôt : Sharon Van Etten, Mina Tindle, Lisa Hannigan, Gail Ann Dorsey (ex-bassiste de David Bowie) et Kate Stables (This Is The Kit) auxquelles s’ajoute une chorale de jeunes de Brooklyn (la Brooklyn Youth Chorus). Certes, ce grand brassage donne parfois le sentiment de trop plein. D’autant que l’album comporte tout de même seize titres pour une durée approximative d’une heure. Mais on ne peut cracher sur sa cohérence. Comme dit précédemment, ce sont les atmosphères qui dominent. Pas étonnant que des ponts s’établissent entre le cinéma et le groupe, comme le montre le court-métrage I Am Easy To Find réalisé par Mike Mills (20th Century Women, Beginners…) en marge de l’album (voir ci-dessous).

A contrario, difficile de tirer des morceaux de ce disque qui se présente plutôt comme une expansion de ce ‘nouveau’ The National dévoilé six ans plus tôt. Il reste néanmoins l’un des grands groupes fédérateurs de notre époque.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Hey Rosey, Not In Kansas, So Far So Fast, Light Years


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