24 Sep 24 The Mystery Lights – ‘Purgatory’
Album / Wick / 13.09.2024
Rock
Au mitan des années 1950, alors qu’un nouveau genre dérivé du blues écrasait tout sur son passage, un titre a particulièrement ensorcelé son monde : I Put a Spell on You, sur lequel, beurré au possible, Screamin’ Jay Hawkins déverse un flot hilare et bruyant, scellant là comme un pacte diabolique qui liera à jamais le rock, donc, au hurlement.
Rugir comme un possédé, hurler au désespoir, nombreux sont les styles et les artistes à s’être emparés de cette forme pour, à leur tour, laisser échapper un cri primal – qu’il soit enjoué ou malheureux, pourvu qu’il éclate. C’est dans cette digne tradition que s’inscrit Purgatory, le dernier disque des Mystery Lights, qui s’ouvre sur un cri. Un cri liminaire, éraillé, vif, ni trop long ni trop court. Une entrée en matière (Mighty Fine & All Mine) qui invoque à dessein la scène garage américaine de la seconde moitié des années 1960, dont le héraut le plus connu reste la première compilation Nuggets de Lenny Kaye et Jac Holzman.
Ce troisième album des Mystery Lights puise sa source dans les glorieuses sixties, vectrices d’une pop enregistrée à l’arrache en high psychédélie : l’orgue mène la danse (Together Lost), la flûte ondule et le rythme entre en transe (Cerebral Crack), Memories a des faux airs de Love et les réverbérations hallucinées de Can’t Sleep Through The Silence rappellent les Electric Prunes et autres 13th Floor Elevators. Le groupe clame également son amour aux électrisantes seventies en allant piocher chez Richard Hell, période Voidoids, les contours punk de Trouble ou en fusionnant la new wave des Talking Heads et le glam des New York Dolls sur l’étonnant In The Streets.
Or il ne s’agit pas de limiter Purgatory à la seule liste de ses influences, d’une part parce qu’elles sont bien connues depuis les débuts du groupe en 2016 et d’autre part parce qu’elles réussissent à ouvrir un espace créatif vibrant qui donne envie de taper du pied plus fort. Ce qui est peut-être le plus important. Les Mystery Lights parviennent à éviter de singer les mythes qui les ont biberonnés en mélangeant les styles, en préservant une écriture immédiate et des sensations intactes. Sans doute doute que le soulful label Daptone Records rodé à l’exercice des sons vintage – et dont Wick Records est la branche rock – y est pour quelque chose dans cette clameur réussie, nostalgique mais pas passéiste. Crier son amour d’une époque révolue et continuer de la faire vivre pour garder vivantes les émotions qu’elle a pu procurer : l’intention est plutôt louable.
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