The Men – ‘New York City’

The Men – ‘New York City’

Album / Fuzz Club / 03.02.2023
Garage

Dans le grand arbre généalogique de New York, on voit très bien le nom du Velvet Underground écrit tout en haut, celui de Bodega ou Parquet Courts un peu plus bas, et pas mal d’autres bien connus aux niveaux intermédiaires. En revanche, bien qu’il opère depuis Brooklyn depuis bientôt 15 ans, pas de The Men. A croire que l’attachement du groupe à la ville est finalement plus viscéral que peuvent l’être de simples influences musicales. Toujours est-il que le quatuor a ressenti le besoin de matérialiser son amour pour New York City en empruntant son nom en guise de titre de son dernier album.

Si on se demandait où en était le groupe après s’être sérieusement éparpillé sur son précédent Mercy, il remet les pendules à l’heure dès la première seconde de ce disque avec le très punk Hard Livin’ : un titre qui parle de lui même, de ces périodes de galères pouvant parsemer une vie, et la solitude qui va souvent de pair. Le confinement ayant été un de ces moments douloureux alors que la ville se vidait en ne laissant plus que la misère apparente, son ombre désoeuvrée plane encore ici alors qu’on pensait être passé à autre chose. Puis la silhouette de  Johnny Thunder traverse la rue, sous la lueur blafarde d’un lampadaire. À moins que ça ne soit Stiv Bator. Parce qu’au diable le COVID, The Men nous transporte à une époque autrement plus sale et dangereuse, à la fin des années 70 entre Bowery et le Lower East Side (Round The Corner, Through The Night), quand le mot gentrification n’existait pas encore. Vous connaissez l’histoire. De fait, le punk rock proposé ici est plus que classique que jamais dans le répertoire du groupe, mais imprégné d’un rock’n’roll tranchant, à l’image de Piece of Mind ou le rampant et fiévreux Eye.

Sur la fin de ce New York City, on rentrerait bien se mettre au chaud avant qu’il nous arrive des pépins. Mais alors que le dernier bus nous file entre les doigts, The Men apporte un peu d’oxygène avec la ballade Anyway I find You, un de ces morceaux aux accents americana dont le groupe jalonne son parcours depuis New Moon en 2013. Le final River Flows, poisseux à souhait et avec ce sursaut d’héroïsme qui fait tenir bon quand on s’en prend plein les dents, aurait d’ailleurs pu y figurer lui aussi à l’époque. Dix ans plus tard, par le biais de ce concentré de punk cru et rugueux, les new-yorkais nous partagent donc leur vision sale et âpre de quartiers à la marge des grandes avenues arpentées par les touristes, et soulignent une nouvelle fois leur déstabilisant don de métamorphisme qui parcourt depuis toujours leur conséquente discographie.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Eye, Round the Corner, Anyway I find you


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