The Men – ‘Drift’

Album / Sacred Bones / 02.03.2018
Folk rock

Prévisible n’est pas un qualificatif très cher à The Men tant les new yorkais prennent un malin plaisir à emprunter de nouveaux itinéraires à chacun de leurs albums. Ayant autrefois couvert le large spectre allant du punk au rock, tout en laissant filtrer leur admiration pour la country et le folk, le groupe n’est plus à virage près : celui qu’il prend notamment sur Drift, ce nouveau disque trouvant soi-disant sa singularité dans le retrait partiel des guitares au profit d’une approche plus expérimentale que jamais, démontrée dès l’entame totalement dépaysante qu’est Maybe I’m Crazy.

La réalité est pourtant toute autre pour ce qui est du reste de l’album. Si les synthés occupent en effet ici une place inédite chez The Men, en contribuant à rendre encore plus suaves quelques ballades (When I Held You In My Arms) ou finir de lustrer quelques titres (Secret Light), le combo est loin d’abandonner totalement son instrument fétiche. Celui qui rugit toujours sur un brûlot rock comme Killed Someone, ou qui tire la corde plus sensible de l’acoustique pour différentes visions du folk, pour le meilleur (Rose on Top of the World) comme pour le plus passable (So High, Sleep, Final Prayer, Come To Me).

L’originalité de Drift n’est donc pas à aller chercher au premier degré du terme. Si The Men arpente là des chemins inédits chez lui, ses compositions, une fois détachées du contexte, restent familières à tout amateur des genres abordés ici. En revanche, il ne faut pas enlever aux new yorkais la jolie diversité de l’album, qu’ils ont réussi à rendre cohérent du début à la fin. Une juste récompense au regard du risque pris par un groupe qui refuse définitivement la routine.