
21 Sep 22 The Mars Volta – ‘The Mars Volta’
Album / Clouds Hill / 16.09.2022
Pop progressive
Il y a un peu moins de dix ans, The Mars Volta a eu beau annoncer son hiatus sur fond de désaccords internes, il en fallait beaucoup plus pour empêcher Cedric Bixler et Omar Rodriguez Lopez de réunir de nouveau leurs forces. Alors que, depuis 2019, les deux intéressés – qu’on avait déjà vu s’assoir sur les aigreurs laissées par At The Drive In – multipliaient les déclarations de résurrection, on savait le groupe remis pour de bon sur les rails. Ne restait plus qu’attendre la concrétisation de ce retour, et savoir s’il allait s’accompagner d’une véritable révolution.
Si l’ADN du groupe – comprenant la revenante Eva Gardner (basse), Marcel Rodriguez-Lopez (clavier) et Will Rodriguez Quiñones (batterie) autour du duo originel – est bien présent au fil de ses 14 titres (Flash Burns From Flashbacks, No Case Gain), ce nouvel album éponyme affiche bien haut une volonté de rabattre les cartes et de simplifier un registre devenu indigeste pour certains lors de dernières productions jugées parfois trop conceptuelles et expérimentales. Si ceux qui appréciaient se faire bousculer par les tornades techniques d’antan pourront toujours se consoler à l’écoute des albums solos d’Omar Rodriguez Lopez, d’autres – refroidis par les épisodes Frances The Mute, Amputechture et The Bedlam In Goliath – pourront de nouveau pointer le nez, cette nouvelle salve étant de loin la plus accessible jamais produite par The Mars Volta, ici inspiré par So de Peter Gabriel qui, déjà en 1986, ‘livrait ses idées avant-gardistes de façon à ce qu’elles puissent être décodées du grand public‘.
Mais la simplicité à proprement dite n’est pas pour autant le maitre mot de ce disque, bien que chaque morceau prenne désormais ses distances avec la démonstration outrancière, au profit de plus d’immédiateté. La preuve avec un Vigil aussi beau que mainstream, avec les rythmes caribéens de Blacklight Shine, ou ceux plus latins de Que Dios Te Maldiga Mi Corazon, tous se mêlant à une base rock somme toute classique. A l’instar de la voix captivante de Bixler, cette attention portée au rythme se révèle d’ailleurs être le véritable curseur de ce nouvel album. En attestent Graveyard Love sur lequel batterie et basse se distinguent, Blank Condolences, Flash Burns From Flashbacks et The Requisition frappés d’un groove efficace. Mais ici, The Mars Volta sait aussi dégainer ce qu’on était loin d’attendre de lui : de véritables chansons où le rythme bat en retraite pour laisser mélodies et arrangements prendre toute la lumière. C’est le cas de Shore Story aux contours très bowiesque, de l’émouvante ballade Palm Full Of Crux, comme de l’atmosphérique Tourmaline où harmonies vocales, guitares et cuivres tissent une toile fort chaleureuse.
Si The Mars Volta a décidé de remettre les compteurs à zéro, de ne plus tirer les ficelles punk et jazz qui alimentaient jusque-là généreusement son rock progressif, son ralliement pour le moins audacieux à la pop et à ses structures plus traditionnelles se révèle peut être finalement plus clivant encore. Un point auquel le groupe apporte finalement peu d’importance s’il on en croit les dire d’Omar Rodriguez Lopez, beaucoup moins attaché au résultat final qu’au processus de création qu’il juge bien plus instructif. On veut bien le croire tant ce cru 2022, conventionnel sur la forme, souffle dans le fond un incroyable vent de liberté. Pouvait-il vraiment en être autrement de la part de ce duo exigeant, aussi hyperactif qu’inspiré, après de si longues années d’absence ?
A ECOUTER EN PRIORITE
Graveyard Love, Vigil, Palm Full Of Crux, Tourmaline
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