13 Mar 12 The Magnetic Fields – « Love At The Bottom Of The Sea »
Album
(Domino/Merge)
06/03/2012
Pop de poche
Depuis maintenant trois albums, Stephen Merritt est en froid avec ses synthés, bien déterminé à ne plus les intégrer au sein de la composition. Le dernier épisode de cette romance contrariée avait eu lieu en 2010, avec l’acoustique « Realism », opus sympathique ou la mandoline et le violon se taillaient la part du lion sans se soucier alors des arrangements électroniques qui faisait partie intégrante de l’identité du groupe. Aujourd’hui, « Love At The Bottom Of The Sea » pointe le bout de son nez, renouant avec des sonorités proches de celles entendues sur le chef d’œuvre du groupe « 69 Love Songs ».
En effet, dès les premières secondes de « God Want Us To Wait », synthés futuristes et guitare sous reverb torturent un texte à l’humour ravageur et pince sans rire, ironisant sur l’attente amoureuse. Merritt reprend les rênes de sa bande sur l’entêtant « Andrew In Drag » porté par des chœurs souverains. La chanson est un tube immédiat, s’inscrivant dans la longue lignée de ces pop songs dont le groupe a le secret, et qui en deux petites minutes se révèlent sidérantes de détails et de finesse. Shirley Simms se charge du chant sur la moitié des titres, contrebalançant de sa voix enfantine la gravité ironique de Merritt. Ainsi, « Your Girlfriend’s Face » ou « The Only Boy In Town », bref moment de répit au sein d’un long format à l’humeur sautillante et espiègle, sont autant d’échappatoires vers des ambiances plus contemplatives qui servent avec brio une oeuvre frustrante tant elle est courte.
Le long de ces quinze titres, sans bouleverser les fondements de leur son et de leur groupe, The Magnetic Fields dessinent néanmoins leur nouvelle carte de visite: joyeusement maladroite avec « Born For Love » et « My Husband’s Pied-A-Terre », follement contagieuse sur une poignée de titre tels que « Going’ Back To The Country » ou « The Horrible Party », la formation prend toujours autant de plaisir, vingt ans après, à tendrement contaminer de l’intérieur sa pop d’effets étranges, de touches folkloriques et de concepts capricieux. Une formule singulière pour un groupe qui ne l’est pas moins, et qui continue à guérir la peste, le manque d’amour et l’absence de lumière à la surface du globe.
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