
17 Oct 18 The KVB – ‘Only Now Forever’
Album / Invada / 12.10.2018
Electro pop
Avec leur moue boudeuse et leur frange de baby doll, on les imaginerait volontiers à la une de Salut les Copains mais, depuis le début des années 2010, les deux de The KVB déposent avec une régularité métronomique des albums remarquables d’une dark wave électronique, glaçante et hypnotique. Le propos de Only now Forever reste toujours sombre et désenchanté mais, paradoxalement, son écoute s’avère beaucoup plus réjouissante.
Le groupe semble avoir tourné le dos à la priorité absolue donnée à l’ambiant, pour investir pleinement le champ de la pop. Est-ce l’influence de Geoff Barrow et de son label qu’il vient de rejoindre, la même évolution ayant été remarqué il y a quelques semaines sur le splendide nouvel album de Beak ? Ou l’influence de la scène berlinoise qu’ils ont récemment rejoint ? Reste que ce tournant électro-pop est habile et lui donne une envergure nouvelle, entre continuité d’un son outrageusement réverbéré, et tentation de rythmiques plus dancefloor.
Le duo garde ses fondamentaux, un sens mélodique incroyable qui fait oublier la monotonie binaire et peu évolutive de la rythmique, des phrases musicales courtes et répétées à l’infini qui, se juxtaposant, densifient progressivement tous les morceaux, la voix abusivement blasée du leader, Nicholas Wood, hyper-réverbérée… On n’est donc pas surpris à l’écoute des deux premiers titres, Above Us et On my Skin, assez conformes à ce qu’on connaissait, même si on sent déjà poindre l’éclat percussif à venir.
Mais comme si The KVB nous avait entendu, le titre suivant, Only Now Forever, décolle sur un beat plus travaillé et des gimmicks de synthés plus étincelants (on pense un moment aux motifs cristallins de Lumerians). On comprend que le chant aussi a pris de l’importance, les voix – qui ne servaient que l’atmosphère générale des précédents albums – portant dorénavant des textes clairs et signifiants. D’ailleurs, cette importance nouvelle, et l’harmonie de ces deux voix masculine et féminine donne le sentiment d’entendre parfois une inspiration de The XX, évidente sur Into Life ou Afterglow, un des meilleurs morceaux du disque, enrichi de guitares spatiales.
La seconde partie de ce Only Now Forever est moins aventureuse. Le groupe sent-il le besoin de ne pas trop déconcerter ? Après un Into Life down tempo et trop électro, un Life in Fiction peu inspiré, Tides reprend du volume dans un registre épuré, dansant et mélodique, que ne renierait pas John Maus. Puis No Shelter, atmosphérique et électrique, comme Cerulean, performance qui ramène le duo à ses premières amours cold wave, clôturent sur des tonalités plus conformes à ce qu’on lui connaissait.
En somme, Only Now Forever est un album d’explorations réussies de trente ans de savoir-faire en pop électronique. Certains lui reprocheront sûrement de manquer d’identité, d’être trop foisonnant, mais ce serait passer à côté de ce qui fait justement sa richesse.
A ECOUTER EN PRIORITE
Only Now Forever, Afterglow, Tides
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