The Innocence Mission – ‘See You Tomorrow’

Album / Bella Union / 17.01.2020
Dream folk

The Innocence Mission nous réconcilie avec l’hiver. La fragilité feutrée du folk de See You Tomorrow, leur [déjà !] onzième album, est plus efficace qu’un feu de cheminée pour oublier la froidure. Les américains signent indéniablement un des albums les plus réjouissants de ce début d’année.

Karen et Don Peris, son mari, alignent onze titres intimistes, simples, faits de petites ritournelles souvent accompagnées a minima d’une guitare ou de quelques accords de piano. La voix de Karen, juvénile et haut perchée, semble toujours à la limite de la maîtrise, mais ne vacille pas un instant, même si deux ou trois titres, à force d’être diaphanes, deviennent transparents.

Chaque comptine pourrait être née d’un petite mélodie fredonnée sans y penser, alors qu’on est occupé à faire autre chose. Au final, tout l’album est traversé par cette évidence naturelle (We Don’t Know How to Say Why, At Lake Maureen, John As Well…), par de la naïveté, de l’élégance et une homogénéité sans accroc qui le rend extrêmement attachant. Karen Peris porte dans sa voix sibylline la revanche de toutes les comètes surdouées, aux carrières pourtant moins chanceuses, comme le furent Vashti Bunyan, Sybille Baïer, ou comme l’est encore Sol Seppy.

Enfin, si The Innocence Mission a été remarqué par Sufjan Stevens, ce n’est pas que pour l’atmosphère douillette de ses compos. L’album est traversé par de vraies perles de folk parfaitement ajustées : les mélodies de Movie ou St Francis And The Future sont bouleversantes, le couple en duo sur Mary Margaret in Mid-Air est parfait, et la construction de tout l’album, dont l’intégrité acoustique n’est rythmée par des percus que sur We Don’t Know How to Say Why et I Would Be There, évite l’écueil de la lassitude. La froidure peut durer, on a trouvé à se réchauffer.