07 Fév 20 The Homesick – ‘The Big Exercise’
Album / Sub Pop / 07.02.2020
Noise pop
Sur le plan culturel, les Pays Bas sont plus renommés pour leurs peintres que pour leurs groupes indés. Dans cent ans, on se rappellera normalement plus de Vincent Van Gogh que de Jacco Gardner, et si l’homme à l’unique oreille avait sombré dans l’oubli, alors cette époque aurait tiré un trait sur l’Histoire. Pourtant, la scène indé batave gagne à être connue. Après la signature de Iguana Death Cult chez Innovative Leisure, c’est au tour de The Homesick de sortir un album pour une maison de référence : Sub Pop.
Si on poursuit le parallèle avec la peinture, The Big Exercice – un titre d’album faisant référence à Scott Walker – serait fait de lignes brisées ayant tendance à sortir du cadre, de motifs surréalistes et exubérants. Par What’s in Store, on pénètre dans un rêve en cours, confortable puis agité quand vient Children’s Day et son roulement de tambour. Le trio dit s’être inspiré des musiques expérimentales de Meredith Monk et de Joan La Barbara, il en ressort une plus grande liberté, une explosion des barrières qui ne nuit pas pour autant à la cohésion de l’ensemble. Les paroles peuvent être scandées sans retenue et glisser avec lyrisme dans la seconde qui suit, alors que sur le précédent album Youth Hunt les vocaux étaient étouffés sous un son plus épais.
C’est un changement d’état d’esprit radical qui s’opère entre les deux disques, et voici le groupe libéré d’un pessimisme latent, exultant et laissant libre cours à sa création. I Celebrate my Fantasy en est la plus belle démonstration. Ses boucles toutes en rupture serpentent sans fin vers l’horizon, tandis qu’une flûte malicieuse vient se poser tel un oiseau. Paradoxalement, une vision macabre aurait inspiré ce morceau à Elias Elgersma. Tout aussi dynamique (voire chaotique), Leap Year poursuit et voit le groupe se plaire à détruire ses propres harmonies par des tempêtes noisies. A l’introverti The Small Exercise succède logiquement l’extraverti The Big Exercise, propulsé par une introduction ultra-funky, comme si Otis Redding et les Talking Heads avaient collaboré. Par la suite, le groupe devient compliqué à suivre. Est-ce une aversion pour la platitude de leur pays de Frise qui le pousse à créer des morceaux aussi tortueux que Kaïn ou Male Bonding ? De plus, le rythme effréné auquel il mène son affaire peut s’avérer fatigant à la longue.
Il y a les groupes qui misent sur la pose et la fringue, ceux qui, comme la mode, font du neuf avec du vieux. The Homesick mise lui sur sa créativité et son imagination débordante, au risque de dérouter. A t-il réussi pour autant son Big Exercise de passage, sur un label qui lui donnera forcément plus de visibilité ? C’est à chacun d’en juger !
A ECOUTER EN PRIORITE
Children’s Day, I Celebrate my Fantasy, The Big Exercise
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