The Growlers – ‘Natural Affair’

The Growlers – ‘Natural Affair’

Album / Beach Goth / 25.10.2019
Indie rock

Trois ans après s’être émancipés de l’influence de Julian Casablancas (alors aux manettes de City Club), The Growlers reviennent avec un nouvel album aux refrains catchy, teinté d’accents instrumentaux audacieux confirmant rapidement que leur charme DIY s’est estompé en cours de route. Autoproduit avec l’aide d’une triplette de producteurs expérimentés, Natural Affair est un appel à la fête mêlant synthés, disco eighties, et touches subtiles aux confins du surf-rock pour donner naissance à des chansons pop dont les paroles zigzaguent entre thèmes sociaux (réseaux sociaux, concept de genre), et ruminations sur les plaisirs et les périls de l’amour moderne.

Malgré de belles combinaisons de guitares distordues et la voix bourrue du chanteur Brooks Nielsen, l’écoute de ces 12 titres nous submerge de sentiments à la fois doux et troubles. Certains numéros de danse (Foghorn Town, Stupid Things, Die & Live Forever) dégagent un funk coquelicot et des riffs de guitare façon Nile Rodgers si nets que même le goth de plage le plus dévoué pourrait les trouver un peu fatigants à la longue. Ailleurs heureusement, les chansons prennent des tournures inattendues et les paroles de Nielsen deviennent beaucoup moins simples, s’agrémentent de jeux de mots agréables et d’étranges idiosyncrasies. Le groupe prend ainsi le parti de jouer une musique axée sur la sensation en mettant l’accent sur le rythme et la mélodie plutôt que sur une virtuosité éclatante.

Ainsi, l’indie pop Long Hard Night (Halfway to Certain) sert des notes lounges glissant le long du manche façon Arctic Monkeys, et le plus 70’s Coinstar – racontant l’histoire de Nielsen anciennement nettoyeur de fontaines urbaines – est pytché afin de mettre davantage l’accent sur les impulsions dramatiques du texte, sans pour autant s’éloigner du dancefloor. Shadow Woman et Social Man, quant à eux, commencent par des touches calmes sous forme de mélodies trip hop, de tonalités basses parsemées de percussions évoquant les chemises à fleurs. Avec Tune Out, dont les paroles oscillent entre folie et sérieux, la maîtrise de The Growlers dans le mélange des genres est à nouveau exposée à la perfection pour livrer l’air le plus entêtant de cet album. Enfin, mention spéciale à Pulp of Youth, une magnifique chanson d’amour qui rebondit sur des riffs de surf loufoques et des touches légères reflétant l’enfance des membres du groupe.

Désormais plus éloignés des rivages qu’ils squattaient à l’époque de Hung at Heart (2013), de plus en plus familiers des backstages branchés, The Growlers semblent mesurer la difficulté de vieillir tout au long de cet album intime et bigarré, s’inscrivant dans la lignée de ses deux prédécesseurs. Abandonnant peu à peu leur style de vie rock n’roll, les californiens laissent donc derrière eux l’ère de l’hédonisme pour prendre définitivement le virage de la maturité, tracé jusque dans la pochette représentant chacun des membres affublé du visage de son épouse.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Natural Affair, Pulp Of Youth, Social Man, Tune Out, Coinstar, Stupid Things


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