10 Mai 12 The Glass Half – « The Glass Half »
Album
(LZO)
15/05/2012
Hip hop & more
The Glass Half, c’est l’histoire d’un duo séparé par l’Océan Atlantique. L’un, en France, fait valoir son travail de production sous le nom de Matmat quand il n’oeuvre pas pour le collectif Circa Diem. L’autre, Jonah Byrd, est chanteur et multi instrumentiste à Brooklyn et officiait au sein de Jigwaw Soul, un groupe progressif de la Grosse Pomme. Ensemble, ils ont décidé de collaborer suite au déclic vécu par le français lors d’un voyage initiatique au Brésil qui influença nettement son approche de la production, et de laisser aller leur inspiration commune sans s’affranchir d’un genre en particulier. Même si, au delà d’une fine couche d’électronique et la patte sud américaine nouvelle du beatmaker, on croise inévitablement le temps de ces onze titres le hip hop et le rock des sixties ou des seventies, les deux genres de prédilection des deux compères…
En résulte un album qui, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, prend soin de ne pas partir dans tous les sens, de suivre une ligne directrice cohérente, sans qu’on puisse lui coller avec assurance sur le dos la moindre étiquette. Fort d’une certaine richesse née du mariage des machines et des instruments, il a pour lui cette cette convivialité qui plonge l’auditeur en terrain familier tout en parvenant à le surprendre. Imprévisible de par sa grande ouverture d’esprit, The Glass Half l’est de tout son long, mais souffre néanmoins rapidement d’un manque d’innovation dont on le sent pourtant régulièrement capable à l’écoute de ce disque. Un bémol incarné par quelques titres qui peinent à nous embarquer (« The Promise Of Glory », « A Welcome Departure »), mais bien vite oublié quand on se rend compte également que le duo n’a pas fait l’erreur de plonger la tête la première dans des sonorités world (« The Glass Half ») qui, avouons le, alourdissent considérablement les albums urbains quand elles ne sont pas savamment dosées.
Point de Gilberto Gil sous machine donc, ni d’aucune caricature grossière de ce genre: The Glass Half transpire un plaisir certain à enfanter d’une musique libre, accessible quand elle opte pour un format conventionnel (les convaincants « Daylight » et « Hereafter »), parfois un poil expérimentale aussi pour varier l’affaire (« Claptrap », ou ce « Forbidden Fruit » qui ne s’interdit rien). Pourtant au final, difficile de ne pas céder à la tentation de ranger le duo auprès des acteurs d’un hip hop chanté et chaleureux, surtout Lyrics Born dont on touche parfois la ressemblance ici, notamment sur le single « Gone For East ». Accueillant et généreux, The Glass Half, à défaut de garantir qu’on l’écoute très longtemps, mérite clairement qu’on visite son monde, au moins le temps de ce premier album qui pourrait ouvrir la voie d’autres plus intéressants et approfondis encore.
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