
15 Avr 25 The Ex – ‘If Your Mirror Breaks’
Album / The Ex / 04.04.2025
Punk noise expérimental
A moins de lui coller au train sur une même tournée, il est impossible de voir The Ex jouer deux fois les mêmes morceaux. Et pour cause, les hollandais, à l’inverse de nombreux groupes capitalisant sur leurs heures de gloire, ont toujours eu comme principe de ne jamais jouer d’anciens titres sur scène ; ce qui, pour leur fans, est une aubaine, l’assurance de toujours voir arriver de nouveaux disques. A l’oeuvre sans relâche depuis qu’elle a posé la première pierre de sa légende en 1979, avant de sans cesse l’enrichir et l’entretenir, la bande de Terrie Hessels – seul membre originel aujourd’hui – s’est donc attaquée à un vingtième album studio pour s’adonner à ce qu’elle sait faire de mieux : reprendre le volant et sauter une énième fois les frontières afin de laisser encore et toujours d’impérissables souvenirs live.
Voilà maintenant 46 ans et 2000 concerts donnés dans 45 pays, que ça dure. Bientôt cinq décennies passées à, au mieux accepter la mélancolie (Monday Song), au pire flanquer la porte au nez de la nostalgie. A se réinventer surtout, si tant est que The Ex en ait besoin au vu de son registre inclassable qui, par nature, lui garantit l’originalité. Mais se reposer sur ses lauriers n’a jamais été une devise pour ces musiciens qui, s’ils avaient un jour suivi une vie active lambda, profiteraient aujourd’hui de leur retraite. Ayant mis un temps de côté les collaborations qui les ont régulièrement placés au carrefour de différentes musiques comme de différentes régions, Terrie (guitare), Andy (guitare), Arnold (chant-guitare) et Katherina (batterie) ont rechargé leurs accus durant le Covid, aiguisé leur engagement post-pandémique, puis sont repartis, comme à leur habitude, d’une page blanche pour accoucher des dix nouveaux titres composant If Your Mirror Breaks.
Sans surprise, la patte de The Ex y est immédiatement reconnaissable. Dès l’entame Beat Beat Drums (inspirée du poème du même nom de Walt Whitman), comme sur Great! qui referme le disque, ses trois guitares noise chevauchent une rythmique à l’accent tribal, sur laquelle danse un riff minimal, comme pour rappeler que, depuis maintenant 25 ans, l’Afrique occupe toujours une part de leur inspiration. Puis il y a ce groove sec et saccadé, posé sur des rythmes imbriqués, qui remue les fosses depuis toujours et qu’on retrouve, tel un repère, sur les increvables The Evidence ou The Loss, loin de trahir l’âge des leurs auteurs, comme leur envie intacte d’en découdre. Jamais assourdissant bien que le groupe pousse parfois loin les limites de l’intensité (l’imparable In The Rain), If Your Mirror Breaks peut même, à mi-course, compter sur quelques respirations en guise d’accalmies (Circuit Breaker, Wheel interprété par Katherina), toujours dégainées de la meilleure des manières pour que, non seulement l’auditeur ne perde jamais le fil, mais aussi pour que l’album ne souffre jamais d’incohérence. Tout comme The Ex finalement, source sûre et immuable d’énergie vivante, bouée de sauvetage à laquelle s’agripper dans un monde qui ne pense qu’à vous faire boire la tasse.
Photo : Geert Vandepoele
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