27 Août 07 The Dragons – « BFI »
[Album]
27/08/2007
(Ninja Tune/Pias)
Mieux vaut tard que jamais. C’est ce que doivent raisonnablement se dire les membres de The Dragons qui voient leur premier album enfin édité… près de 40 ans après son enregistrement! Tout vient à point à qui sait attendre marche aussi
Leur miraculeuse redécouverte par Dj Food est expliquée de long en large dans leur dossier de presse, vous pourrez donc en lire tous les détails dans les chroniques de nos confrères les moins courageux. Mais ne perdons pas plus de temps et examinons ce fameux « BFI », qu’on nous vend comme le chef d’oeuvre perdu des 70’s
Difficile de contester la période en tout cas, tellement cet album transpire les expérimentations psychédéliques de la fin des 60’s/début 70’s. Ecoutez les envolées d’orgue psychotropes de « Sunset Scenery » façon The Doors, avant que la batterie ne s’amuse avec la stéréo comme le faisait Sweet Smoke… Jetez une oreille sur les orchestrations audacieuses de « Amplified Emotion », digne des Beatles ou des Beach Boys (dont les frères Dragon seront d’ailleurs quelques années plus tard le backing band)… Vous admettrez aussi que le titre d’ouverture, l’instrumental « Cosmosis », doit autant à la « Messe Pour Le Temps Présent » de Pierre Henry qu’au garage bands qui se retrouveront ensuite sur les compilations « Nuggets »… « Food For My Soul » ressemble quant à lui à un standard de soul repris par Jim Morrison… Et on pourrait s’amuser ainsi au jeu des analogies pour chacun des onze titres de l’album
Ce qui nous fait rapidement relativiser sur la notion de chef d’oeuvre, soyons honnête, tout perdu qu’il était. « BFI » est sans aucun doute un album tout à fait respectable et plaisant, mais il ne révolutionne absolument rien de ce qui se faisait déjà un peu partout à l’époque. On a plutôt affaire à une bande d’ados relativement doués pour singer leurs idoles du moment. Beaucoup de groupes d’aujourd’hui (de Little Barrie à Beck, en passant par Pop Levi) partagent ces mêmes influences en les digérant de manière bien plus personnelle. A leur avantage, ils ont sans doute le recul des années et l’expérience des autres genres musicaux passés depuis, mais quand même
« BFI » aurait apparemment été boudé à l’époque pour cause d’absence de tube irréfutable. Si ce constat semble un peu dur en 2007 (trois ou quatre morceaux ont un potentiel commercial évident), il faut se remettre dans le contexte. Au regard des albums parus à l’époque, les maisons de disque n’avaient que l’embarras du choix du chef d’oeuvre: le « Sergent Pepper… » des Beatles, la banane du Velvet Underground, le « Electric Ladyland » de Hendrix, le « Strange Days » des Doors, le « Astral Weeks » de Van Morrison, le « Forever Changes » de Love, le « Five Leaves Left » de Nick Drake, les premiers Led Zep, le « Lady Soul » de Aretha, le « Cheap Thrills » de Janis Joplin ou le « The Piper At The Gates Of Dawn » du Pink Floyd, parmi des dizaines d’autres, n’ont peut-être pas tous touché le jackpot commercial mais ont au moins réussi à séduire un label… Doit-on comprendre que si Ninja Tune préfère sortir aujourd’hui un groupe dont personne ne voulait à l’époque plutôt qu’un nouveau venu, c’est en partie parce que le niveau général de la production artistique a baissé? Simple question qui n’attend aucune réponse tranchée…
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