The Conformists – ‘Midwestless’

Album / Computer Students / 05.04.2024
Math noise rock

Voilà quelques années déjà que le label Computer Students ressuscite au format vinyle divers albums essentiels – parfois méconnus – de la scène noise et math-rock. Dernier fait d’armes en date : Fresques Sur Les Parois Secrètes Du Crâne de Cheval de Frise. Aussi, à l’annonce de la sortie d’un nouveau disque de The Conformists, notre premier réflexe fut donc de penser à une réédition, le groupe s’étant formé dans l’Illinois en 1996. Que dalle : Midwestless constitue bien la toute dernière mouture du désormais trio, son chanteur et membre originel – Mike Benker – ayant pris le large entre temps.

Une fois de plus, c’est Steve Albini qui a été mandaté pour mettre en boîte ces six nouveaux morceaux : quoi de plus normal finalement vu la forte accointance du groupe avec l’univers de Shellac ? En effet, au-delà des rythmiques répétitives (voire minimalistes) et du son de guitare plutôt brut que les deux formations ont en commun, la voix du guitariste Chris Dee rappelle elle aussi celle du patron du studio Electrical Audio. Il en va de même concernant l’humour absurde affiché ici, qu’il s’agisse du choix des titres (Psh Psh, Five-Year Napsence) ou de l’intérieur de la pochette qui comporte un article de journal décrivant la mort accidentelle d’un parachutiste ayant tenté en 1980 une cascade sur le Gateway Arch, un monument de la ville de St Louis dont sont originaires les trois énergumènes.

Pourtant, assimiler ces derniers à une bande de branleurs du Midwest serait commettre une grossière erreur tant l’apparente simplicité de leur musique revêt en fait nombre de subtilités, qu’il s’agisse de cette minutieuse construction/déconstruction de riffs sur Song For Rincón Pío Sound et de plans math-rock pour le moins déroutants (Psh Psh) rappelant également Lynx et Don Caballero. Même constat pour Five-Year Napsence flirtant avec la douzaine de minutes et dont la mélodie tournant en boucle sur les deux-tiers du morceau est bien plus imprévisible qu’il n’y paraît…   

Torture mentale absolue pour les oreilles innocentes, ou véritable jouissance sonore pour les autres, il ne semble pas vraiment y avoir d’entre-deux ici. The Conformists n’auront donc que partiellement réussi leur pari de ‘créer un rock laid et méprisable’ au possible.