The Cinematic Orchestra – ‘To Believe’

The Cinematic Orchestra – ‘To Believe’

Album / Ninja Tune / 15.03.2019
Electro jazz


Vingt ans après leurs débuts, et suite à un long silence discographique de douze années, la bande menée par Jason Swinscoe marque son retour en une période de tumulte et d’incertitude avec un quatrième album relevant moins du prosélytisme que de la quête de sens. To Believe se veut ainsi davantage interrogatif qu’affirmatif en proposant une nouvelle parenthèse contemplative de sept longues plages tissées de soul-jazz velouté et d’étoffes électroniques oniriques.

Que croire en 2019 ? Questionnement bien légitime pour un groupe ayant débuté sa carrière discographique à la fin du siècle dernier, avant que les scènes trip-hop et downtempo auxquelles il était alors apparenté ne subissent un lent déclin pour ne subsister aujourd’hui guère ailleurs que dans les souvenirs de trentenaires nostalgiques. The Cinematic Orchestra a néanmoins décidé de croire en lui-même, et de revenir aux affaires avec un nouvel album reposant sur une formule sensiblement identique aux précédents.

On ne saurait cependant les qualifier d’obsolètes tant les traits les plus caractéristiques de leur musique – croisement de jazz, de hip hop, de musique de films et de musique électronique mû par une recherche de textures et d’ambiances – se retrouvent distillés chez nombre d’artistes actuels pratiquant l’hybridation hiphop/jazz (Flying Lotus, Kendrick Lamar, Thundercat etc…) ou infusant leur jazz dans des sonorités électroniques à des fins atmosphériques (Floating Points, Portico Quartet etc…).

Si To Believe ne risque donc pas de déconcerter ni surprendre les plus familiers de l’univers du groupe, il n’en constitue pas moins un excellent album, et probablement le meilleur depuis son sommet, Every Day, paru en 2002. Avec comme à son habitude une longue liste de collaborateurs tous plus talentueux les uns que les autres (du rappeur vétéran Roots Manuva aux vocalistes Moses Sumney et Heidi Vogel), The Cinematic Orchestra parvient à nouveau à façonner des fresques vaporeuses et enivrantes avec un sens du détail impressionnant.

Passé un titre d’introduction langoureux et beau quoiqu’un peu attendu (To Believe), l’album trouve son rythme dès A Caged Bird/Imitation of Life, alternant couplets rappés tendus et refrains épiques pour un résultat qui n’est pas sans rappeler leur titre All Things To Men de 2002 avec (déjà) Roots Manuva. Le groupe se découvre ensuite de nouvelles velléités exploratoires sur l’instrumental Lessons, porté par la batterie irrésistible de Luke Flowers, véritable tour de force permettant au combo de déployer une palette de couleurs toujours plus variées. A l’aide d’un final nerveux et flamboyant presque inattendu, le titre de clôture (A Promise) vient enfin achever de convaincre les plus sceptiques de laisser la douce mélancolie de l’album apaiser leurs tourments. The Cinematic Orchestra confirme ainsi avec To Believe qu’il a conservé toute sa puissance évocatrice et, par la même occasion, sa place au sein du paysage musical contemporain.

TRAILER
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
A Caged Bird/Imitations of Life, Lessons, Zero One/This Fantasy, A Promise


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