09 Mai 17 The Black Lips – ‘Satan’s Graffiti Or God’s Art?’
Album / Vice / 05.05.2017
Rock foutoir
Ca pisse, ça se fout à poil, dégueule sans vergogne, ça jette du P.Q. ; ça part en live pour une grande joute autodestructrice, ballade sauvage de quatre barbares dont les frasques scéniques sont à la limite d’être plus réputées que leurs disques, merci d’applaudir les Black Lips ! Un huitième album studio sous le bras, collé à leur aisselle moite, ils reviennent – toujours chez Vice Records – avec ce grandiose ‘Satan’s Graffiti Or God’s Art?’ qui sent donc la sueur. Et de très près.
Il transpire même le rock à plein nez, que ce soit les gouttelettes blues de ‘Got Me All Alone’ (aux teintes cuivrées), garage de ‘Rebel Intuition’, ou roll, tout simplement. Plaisirs variés mais jamais nuancés d’une énergie radicale et d’un mode d’expression foutraque, toute la sève des Black Lips vient de ce grand tapage sonore qui semble à la fois incontrôlable et trop bien ficelé pour être bordélique à 100%. Pas fous, les types. ‘Satan’s Graffiti Or God’s Art?’ s’ouvre sur un rideau de velours rouge où le saxophone de Zumi Rosow, chancelant de sensualité et de mystère, rappelle toute la beauté vénéneuse de la musique d’Angelo Badalamenti dans ‘Twin Peaks’, et intronise une suite cinglante.
Longue vie au non-conformisme et au politiquement incorrect, l’organique prime encore, les Black Lips sont des tissus vivants en perpétuelle ébullition – affreux, sales et éructants. ‘Occidental Front’ débride direct, empli d’une fureur qui n’étonne plus personne, les éléments déchainés accompagnent le cri primal du quatuor, beuglé à l’unisson pour faire chorus à leurs bientôt vingt ans d’hérésie musicale. ‘Squatting In Heaven’ est l’hymne d’un début de beuverie, virée féroce et montée (au ciel ?) entre potes. Car Cole Alexander et la clique multiplient ici les matières à danser et les invitations à l’éclate avec cet album étoffé, à l’instrumentation riche et débordante. On aimerait dire abouti, mais c’est pas vraiment le délire.
Le gimmick de duel de western de ‘Come Ride With Me’ donne envie de rechausser ses santiags et de sortir les chapeaux de cow-boys. L’animal est vif et la voix écorchée. Les Black Lips chassent en meute et cela donne ce chouette bordel de dix-huit titres, enregistré à The Farm, le studio US de Sean Lennon. Et cela vaut bien d’y inclure une reprise clin d’œil des Beatles dans les tuyaux (‘It Won’t Be Long’). Alors graffiti de Satan ou art de Dieu, leur dernier disque est avant tout objet profane, suppôt d’un rock brûlant, pétri d’un caractère bien trempé mais à l’ardeur peut-être plus canalisée. Quoiqu’une nouvelle fois placée sous le sceau du vice.
A ECOUTER EN PRIORITE
‘Squatting In Heaven’, ‘Rebel Intuition’, ‘In My Mind There’s A Dream’
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