27 Avr 11 The Berg Sans Nipple – « Build With Erosion »
Album
(Clapping Music/Blackmaps)
03/05/2011
Post rock electro
Libre, y compris de prendre son temps. Voilà qui caractérise plutôt bien The Berg Sans Nipple, certainement un des groupes les plus intéressants de la scène actuelle quand il s’agit de marier l’électronique à l’acoustique avec une précision diabolique. A condition qu’on veuille évidemment bien faire la démarche d’y jeter une oreille. Clairement trop méconnu en effet, le duo peut pourtant se vanter d’être à l’origine d’une musique si qualitative qu’elle en deviendrait quasiment intemporelle. Un bon point puisque le français Lori Sean Berg et l’Américain Shane Aspegren ne sont pas des plus productifs, préférant largement que ce soit l’envie plutôt que la pression du tic-tac de la montre qui ne leur mette le couteau sous la gorge.
Si l’on fait abstraction d’une poignée d’Eps, cinq longues années sont donc passées depuis « Along The Quai ». Un record du aux successifs retours au pays qui auront entrecoupé l’enregistrement de ce « Build With Erosion ». Frais et ragaillardi, toujours porté par les rythmes et un fin travail d’arrangement, The Berg Sans Nipple met plus que jamais ici l’accent sur le chant, qu’il soit sans cesse découpé, recollé, traité, retravaillé (« All People ») au point de rappeler Animal Collective (« Body Movement), ou qu’il se fasse nettement plus conventionnel (« Weatherman »). De quoi rassurer les réfractaires aux expérimentations musicales, le duo se révélant finalement plus accessible qu’il n’y parait (« Convert The Measurement »), grâce au recours aux percussions tranchantes et presque dansantes (« Change The Shape », « Convert The Measurement »), à quelques pirouettes inattendues (la fin de « Dead Dinosaurs Rule The Earth », la mélancolie passagère du final « Pink Rays Sugar »), ou à un groove qu’il s’en va parfois chercher dans certains recoins du reggae dub (« Build With Erosion »).
C’est là toute la richesse et le talent de The Berg Sans Nipple: réussir à humaniser et à rendre finalement si naturelle une musique que la complexité pourrait aisément ronger de l’intérieur, plutôt que de tendre ainsi les bras. Le formatage n’ayant cependant toujours pas droit d’entrée, ce « Build With Erosion » ne se verra pas ouvrir les portes de tous les foyers. Ce n’est de toute façon pas son but. En revanche, il s’ajoute à la liste grandissante des arguments poussant à ce qu’on découvre pour de bon un groupe qui, non seulement n’en finit plus d’avoir des idées, mais qui offre également de grands moments sur scène. Le message est passé.
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