The Arcs – ‘Electrophonic Chronic’

Album / Easy Eye Sounds / 27.01.2023
Néo psyché soul

Le talent de Dan Auerbach et Leon Michels n’est plus à prouver. Réunis en 2015 en compagnie d’autres copains – dont Richard Swift (The Shins) – les deux acolytes travaillent sur le deuxième album solo du guitariste des Black Keys quand ils se rendent compte que leur connexion mérite d’être entendue. Ainsi nait The Arcs, dont le premier album Yours, Dreamily est un succès porté par les canards les plus prestigieux. Puis, plus rien pendant sept ans, au point qu’on s’était résolus à accepter le destin éphémère ultra courant des side-projects. C’était sans compter sur l’amour du studio et la grande amitié qui anime les membre du groupe qui n’ont finalement jamais cessé d’enregistrer, entreposant quelque part des dizaines de pistes attendant sagement leur heure de gloire. Sauf que le destin s’en est mêlé : en 2018, Richard Swift est emporté par ses démons, évaporant avec lui tout projet de deuxième album avant que la pandémie finisse de couper l’herbe sous le pied des plus persévérants, laissant Auerbach et Michels à leurs autres projets déjà bien chronophages.

Il aura donc fallu du temps pour que les deux cerveaux de The Arcs décident enfin de se pencher sur les pistes immortalisées avec leur défunt copain. Sept ans pour dépasser la douleur et pour qu’Electrophonic Chronic vienne honorer pour de bon la mémoire de Richard Swift en souvenir des moments de bonheur et de joie partagés. En octobre dernier, le premier single, Keep on Dreamin, se chargeait de dissiper instantanément toute incertitude liée à cette longue absence. Son groove mêlant batterie rock, guitare psyché et cuivres funky soulignait non seulement les immenses talents de producteur de Michels et Auerbach, mais dévoilait aussi un penchant moins garage au profit d’une teinte old soul absolument délicieuse, rendue incendiaire par la voix suave d’un Auerbach plus crooner que jamais (A Woman Will Do Wrong, reprise de la ballade de 67 d’Helen Smith).

Sans pour autant s’écouter à la lueur d’une chandelle, The Arcs exploite sans commune mesure ici le pouvoir graveleux de la soul et de la funk dont ils adoraient écouter les disques ensemble. L’orgue Hammond, la basse, le glockenspiel sont autant d’ingrédients contribuant à l’éclosion de quelques armes de séduction massive, parmi lesquelles les irrésistibles Heaven is a Place et Only One For Me , ou ce River qu’il ne vous restera plus qu’à dégainer à bon escient. Une ambiance aussi colorée que chimérique donc, parfaitement mise en image par Omar Juarez, déjà en charge de la pochette de Yours, Dreamily, et dont les video-clips finissent de faire d’Electrophonic Chronic une expérience complète. L’hiver le plus rude peut donc se pointer : The Arcs a rallumé le chauffage à tous les étages.