The 113 – ‘To Combat Regret’

Ep / Autoproduction / 14.03.2025
Post punk

On vous rassure, Mowno n’a pas bousculé sa ligne éditoriale pour vous parler de l’arrivée sur les plateformes, après 25 ans de batailles juridiques du single culte du 113, Tonton Du Bled. Si le groupe et le titre ont certes été mis de nouveau en lumière suite à l’épatant documentaire sur DJ Mehdi, c’est du groupe de post punk The 113 (prononcez the one thirteen) dont il est question ici. À part deux 1 et un 3, pas vraiment d’autres points communs entre les deux formations, sauf peut-être un talent évident pour écrire des bangers, comme on dit aujourd’hui, ou des hits comme on disait à l’époque. Car si le collectif de Mokobé et Rim’K a permis au rap de rentrer dans tous les foyers de France et a contribué à sa gentrification, le groupe de Leeds pourrait suivre le même chemin et conquérir un public bien plus large que les quelques passionnés de musique bruyante et vindicative que nous sommes.

Entre l’hésitant Presence et ses relents acid-house en 2021, le sombre et viscéral Idle en 2022, et le survitaminé Futility en 2023, The 113 enchaîne les singles explosifs et fédérateurs avec une régularité qui force le respect. Pour les curieux éclairés, le groupe (dont on sait très peu de choses finalement) est déjà repéré comme un outsider sérieux de la scène rock et traîne derrière lui une réputation solide sur scène (vous pouvez retrouver ci-dessous l’intégralité de leur concert de 2024 au Supersonic et vous donner quelques regrets de ne pas y être allé). On attendait légitimement la confirmation sur disque avec un premier album mais, sens de la provocation ou fan frustration bien orchestrée, il faudra se contenter d’un EP de 4 titres, ce qui n’est déjà pas si mal si on tient compte du niveau de cohérence et de cohésion affichés sur ces quelques minutes.

Too Awake s’impose déjà en à peine trois minutes comme un futur classique du quatuor, synthèse de leur savoir-faire sonique mêlant, avec justesse, une voix aux graves puissants qui invective, une ligne de basse saturée et implacable tout en laissant une large place aux guitares et aux riffs autoritaires. Certes, on est clairement dans les fondamentaux du genre mais les anglais ont quelque chose d’impalpable qui fait la différence. Le deuxième titre, Nothing, démarre lui sur un basse-batterie simple mais solide et explose par intermittence au gré d’une caisse claire espiègle qui habite les temps faibles du morceau démontrant que The 113 sait aussi être éloquent avec moins de guitares et de furie. C’est ce que confirme Vacant dans la foulée, qui alterne – sans jamais perdre de son intensité – frénésie et modération pour mieux nous happer, le groupe montrant une certaine maîtrise dans la gestion des silences éloquents et des effusions soudaines. Un de leurs marqueurs esthétiques qu’on retrouve sur le tendu et nerveux Backpedaler, single idéal taillé pour faire transpirer les foules dans les clubs poisseux ou on leur souhaite, sur de plus grosses scènes.

To Combat Regret est un coup de maître, d’une homogénéité remarquable qui confirme que The 113 en a sans doute encore largement sous le pied. Sans renouveler le genre, ni le transcender, le groupe tempête, gronde, tance mais sait aussi apporter patience, sérénité et humanité. Une première pierre solide d’un édifice qu’on a très envie de visiter prochainement. En espérant que les travaux n’aient pas trop de retard.