Teknomom – ‘Mangé en Chine’

Album / Le Turc Mécanique / 05.05.2019
Techno atmosphérique

Plus besoin d’être un observateur particulièrement avisé de l’underground français pour constater aujourd’hui le travail cohésif et acharné mené par Le Turc Mécanique. Avec un pied dans le punk foutraque, l’autre dans le techno la plus froide, le label parisien fomente depuis sept ans une sorte de bande-son des zones péri-urbaines noyées sous les acronymes (Z.I., Z.A., , Z.C., ZFU, ZRU, etc…).

En ce sens, Mangé en Chine de Teknomom – sa dernière sortie – est aussi un disque de paysage. Par-dessus ses boîtes à rythmes downtempo, les synthés aux effets glaçants se superposent et dessinent des plaines lunaires comme des kilomètres de parking et de hangars qui s’étendent le soir, déserts, à la sortie des villes. On serait presque tenté de considérer cet album comme un disque de bagnole, fait pour s’écouter un volant entre les mains. Mais l’important ici reste de se laisser porter, peu importe comment, par ces nuanciers sonores. On pense autant à la musique de film S.F. (et naturellement à la B.O. de Vangelis pour Blade Runner) que celle d’autres figures notables de cette techno sombre et atmosphérique actuelle (citons par exemple Dominick Fernow, aka Prurient/Vatican Shadow).

Parfaitement exécutés sur la longueur, les sept titres de Mangé en Chine ne sauraient être dissociés les uns des autres. Le découpage intervient surtout comme un chapitrage dont le drone final (Rouille) fait office d’épilogue. En 2015, le mystérieux duo derrière Teknomom avait enregistré un premier long-format sous forme d’une unique piste de près de 30 minutes : La Marche des Arthropodes. S’il portait déjà cette construction progressive, le travail fourni ici sur le son et ses amplitudes atteste que Teknomom a bien fait de prendre son temps. Le résultat est obsédant.