25 Oct 23 TASTE – ‘Pants Shitters’
Album / Autoproduit / 20.10.2023
Electro rock
TASTE n’a jamais aussi bien porté son nom. Ce groupe est bel et bien une affaire de goût qui s’affine en se partageant. Le projet initié par Yan Wagner et Alexandre Berly (La Mverte), consolidé par Marc Lapeyre et Guillaume Marnez (respectivement à la guitare et à la batterie), après avoir sorti un premier EP remarqué en février de cette année, en publie un second cet automne en y condensant à nouveau toute la diversité et la richesse de leurs références musicales. Si le premier abordait de façon décomplexée et ludique des genres très variés, allant de l’électronique au rock tendance psychobilly tout en passant par la cold wave; le second homogénéise davantage ses sonorités en recherchant principalement l’impact et l’excitation produits par les musiques faites pour danser. Il y a toujours de la variété, certes, car TASTE cultive ce malin plaisir à ne jamais se laisser figer dans une formule, mais sans que le résultat d’ensemble perde en cohérence et en pertinence, ce qui permet de mieux faire ressortir le talent du groupe à composer une enfilade grisante de tubes ambigus et pourtant fédérateurs.
TASTE développe avec habileté et subtilité, sur les quatre morceaux qui constituent cet EP, un groove aussi délicieux que vicieux, décliné au coeur d’atmosphères bien différenciées. Pile Of Guilt cultive une fausse légèreté disco tandis que la voix de Yann Wagner, canalisant avec sobriété sa fascination pour Bowie, dévoile avec à propos des accents proches de Baxter Dury. Walking Home côtoie les airs lysergiques de la Fat White Family période Serfs Up! pour rendre compte de tribulations sous LSD, tandis que Traffic Light rappelle l’électro-dance névrotique et frénétique de Working Men’s Club. En guise de final, Pants Shitters, avec lequel le groupe termine ses concerts, a des inflexions rockabilly à la Alan Vega et un refrain suffisamment enlevé pour emporter l’adhésion des plus récalcitrants.
Ce deuxième EP confirme ce que l’on pressentait déjà à l’écoute du premier : TASTE a l’envergure pour à la fois enflammer les dancefloors et porter à ébullition les salles de concerts. Les brûlots électro-rock qu’il concocte avec aisance et élégance ont cette efficacité immédiate conduisant les corps à la danse, mais ils cultivent également une distance ironique et critique qui leur apporte ce surcroît d’ambiguïté faisant naître le désir de les écouter en toutes circonstances. Et c’est en ce sens que TASTE est avant tout et parfaitement un artefact pop conscient de son statut, et donc susceptible de transformer l’artificiel en quelque chose de substantiel. N’est-ce pas là le propre de l’oeuvre de bon goût ?
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