30 Jan 07 Ta’Raach & The Lovelution – « The Fevers »
[Album]
30/01/2007
(Sound In Color/2 Good)
Il y a quelques rares villes au monde qui alimentent les fantasmes de tous les amateurs de musique, quelle que soit leur chapelle de prédilection. Detroit, dans le Michigan, est de celles-ci. Un pan de l’histoire musicale y a forcément été écrit, que vous écoutiez du rock (Iggy Pop & The Stooges, MC5, The Detroit Cobras, White Stripes …), du metal (l’infréquentable redneck Ted Nugent…), du blues (les débuts électriques de John Lee Hooker à la fin des 40’s…), de l’electro givré (Detroit Grand Pubahs…), mais surtout de la soul (l’exceptionnel catalogue de la Tamla-Motown…), de la techno (Juan Atkins, Kevin Saunderson, Jeff Mills, Carl Craig, le label Underground Resistance…), du jazz (Donald Byrd, Paul Chambers, Ron Carter, Dorothy Ashby…) ou du rap (les débuts d’Eminem, Slum Village, J-Dilla…). D’ailleurs, si vous aimez ces quatre dernières catégories, on ne saurait trop vous conseiller l’album « The Detroit Experiment« , où Carl Craig convie les plus grandes figures de toutes ces scènes de la Motor City à rivaliser de génie
Autant dire que faire de la musique à Detroit aujourd’hui peut être autant un avantage qu’un inconvénient: on s’intéresse sans doute plus facilement à vos travaux, mais avec les attentes et la pression que cela engendre nécessairement
Demandez donc au psy de Ta’Raach ce qu’il pense de la relation ambiguë que l’ancien protégé de J-Dilla entretient avec sa ville natale… Celui qu’on a connu sous le nom de Lacks, aujourd’hui exilé à L.A, est en effet à la tête de The Lovelution, un collectif protéiforme d’artistes (producteurs, MC’s, lyricists, designers, etc.), tous originaires de Detroit, et dont les plus connus sont Amp Fiddler, Dwele, Karriem Riggins (l’homme qui a finalisé le « The Shining » de J-Dilla), Guilty Simpson ou Wajeed (Slum Village). Tout ce petit monde (+quelques autres) a donc apporté sa patte au premier album de Ta’Raach, intitulé « The Fevers »
Les plus maniaques d’entre vous se souviendront peut-être avoir lu le nom de Ta’Raach (ou Lacks) en tant que rappeur, producteur ou remixeur aux côtés de J-Dilla, Carl Craig, Dabrye, Amp Fiddler, Exile, J-Rawls ou pour le projet « Keepin’ Time » (feat. Madlib, Dj Shadow, etc.). Ta’Raach n’est donc plus exactement un débutant et entend bien le démontrer dès l’ouverture de son album avec le très bon « The Big Bang Theory » qui aurait tout à fait pu se glisser au tracklisting de « The Shining » et y tromper l’oreille la plus avertie. Autant le souligner tout de suite d’ailleurs, les gens qui détestent les prods de J-Dilla n’aimeront pas ce disque. Ni ses fans les plus hardcore qui crieront sans doute au plagiat, ou quelque chose du genre. Sans aller jusque là, on est bien forcés de parler de grosse influence, ce que Ta’Raach semble assumer complètement, soit dit en passant
Si on accepte cette omniprésente parenté cependant, « The Fevers » vaut tout à fait le coup d’oreille. Tantôt hip hop (« The What What (feat. The Beloved) », « Hey! », « Merci Me Lord (feat. Blu) »…), tantôt soul (le tubesque « Catch My Breath (feat. J. Mitchell) », « Liberation’s Lullabye (feat. Joy Jones) »…), quand ils ne sont pas les deux à la fois (The Look (feat. Big Tone & Amp Fiddler) », « Hold On »…), les seize titres de cet album défilent sans qu’on sente les minutes passer. On ne dira pas que Ta’Raach fait déjà oublier le génie de J-Dilla, mais on ne dira pas non plus qu’il n’en est qu’une pale copie. On a là affaire à un premier album, avec ses imperfections, mais qui maîtrise déjà son sujet. Patientons pour voir ce que l’avenir nous réserve… On parlait souvent de A Tribe Called Quest dès qu’il s’agissait de qualifier les premières prods de Jay Dee… L’histoire se répètera-t-elle
En attendant, « The Fevers » est plus particulièrement conseillé à ceux qui aiment déguster leur hip hop avec une grosse larme de soul. Et ce disque a même peut-être de quoi convertir quelques nouveaux adeptes à la cause. Alors comme disent les hard-rockeurs, australiens ceux-là: « For those about Ta’Raach, weeee saaaaluuuute youuu!! »Ecoutez un extrait ici
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