Svinkels – « Dirty Centre »

Svinkels – « Dirty Centre »

Dirty Centre[Album]
16/06/2008
(At(h)ome/Wagram)

« Le Dirty Centre, ce serait un pays entre la France et les Etats-Unis, dont le président serait Snoop et où tous les soirs à 20h il y aurait Turbo ». Voilà résumé en quelques mots, et par les intéressés eux-mêmes, la dernière livraison estampillée Svinkels, fabrique artisanale en activité depuis une dizaine d’années, dépositaire d’une formule hybride mi-rap/mi-punk et coutumiers d’un humour aussi régressif qu’assumé. C’est du moins avec ces éléments en tête qu’on abordait « Dirty Centre », un troisième album sur lequel Gérard Baste, Nikus Pokus et Mr Xavier, loin de se complaire dans un registre éculé, crient leur amour pour un rap sudiste à la finesse (bien) enfouie sous un déluge d’infrabasses, de synthés « calibrés pour l’entrée du Stade Français » et de textes rappés avec une technicité insoupçonnée

Profitant d’instrus résolument plus rap qu’à l’accoutumée, le trio change son fusil d’épaule pour mieux foncer « Droit Dans Le Mur », à l’image d’une intro grandiloquente et du potentiel hymne « La Youte », réminiscence du penchant naturel du groupe pour l’alcool (« quand il restera que des cadavres on portera pas le deuil »). Un sujet maintes fois traité par le Svink’ dans le passé et étrangement absent sur « Dirty Centre », plus ambitieux dans le choix des thèmes abordés, sans toutefois se départir d’un humour omniprésent qui ne repose plus sur les seuls jeux de mots, figure de style que le groupe avait pourtant élevé au rang d’art majeur. Dirty South oblige, il est donc question de jantes de voiture « qu’il faudrait observer avec des lunettes de soleil » (« Dirty Centre »), mais aussi de leur public « qui boit du gros rouge qui pique dans des bouteilles en plastique » (« C’est Des Cons » sic), d’une rencontre improbable entre Jacques Villeret et Tupac (« La Ferme »), d’exhibitionisme sur « Tout Nu Yo! » (« tu reconnais bien là le style des bad-boys du Cap d’Agde »)… sans oublier de verser dans le crade-core avec le plus anecdotique « Du PQ Pour Mon Trou-Trou », explicite et infantilisant à souhait

Conformément à l’artwork du disque, « Dirty Centre » réussit le mariage douteux entre bling-bling et France profonde, entre le clinquant des intrus et la dérision des textes. Sans renier l’esprit des débuts, le Svinkels met de l’eau dans son vin et affine sa technique, renouvelle son propos pour un résultat plus facile d’accès, plus à même de séduire un public qui s’est élargit avec le temps. L’envie de se rapprocher de l’ambiance et des sonorités sudistes n’étant que passagère, on garde un oeil bienveillant sur les futurs projets du groupe

Ecoutez un extrait ici.

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