Surf Curse – ‘The Magic Hour’

Surf Curse – ‘The Magic Hour’

Album / Atlantic / 07.10.2022
Indie rock

Il y a parfois des destinées qui nous rattrapent et dont on se serait bien passé, encore plus lorsqu’on est un groupe de rock indépendant et qu’on sait à quel point une crédibilité durement acquise peut s’évaporer en un souffle. En 2020, Surf Curse a du serrer les fesses. Alors auteurs de trois albums depuis leurs débuts en 2015, les texans – désormais résidents de Los Angeles – voient un de leurs titres, Freaks, leur échapper et devenir un tube dans la lessiveuse TikTok. Des centaines de millions de streams plus tard, l’horizon du groupe a considérablement changé : désormais sous la coupe d’une major qui s’est donc fait mâcher le boulot, les quatre rockeurs signent The Magic Hour, une nouvelle salve elle aussi très imprégnée par le cinéma, et mise en boite par Chris Coady (Yeah Yeah Yeahs, Beach House…) dans le confort des studios Electric Lady à New-York. On est loin des enregistrements express au Smell, lieu emblématique de la plus underground des scènes californiennes.

Comme pour ne pas perdre ses repères et garder les pieds sur terre, Surf Curse a pensé ce quatrième album comme un hommage au rock indépendant américain des années 90, celui des Dinosaur Jr, Modest Mouse et Built to Spill. Et dès l’entame Arrow, comme plus tard avec Lost Honor ou l’imparable Sugar appelé à être un des hymnes indie rock de l’année, force est de constater que l’héritage est entre de bonnes mains : les mélodies se collent au cerveau, quelques soli ou riffs de guitare bien sentis viennent l’électriser, et juste ce qu’il faut d’intensité le compresser. J Mascis likes this. S’il n’invente rien, Surf Curse a pour lui une diversité dont il ne se prive à aucun moment au fil de ce nouvel album. Ainsi, au détour d’un accord, ou entre deux brûlots plus denses, le groupe exprime toutes ses envies en multipliant les sursauts imprévisibles (No Tomorrows), les arrangements inattendus (les cuivres de Fear City, les cordes de Unwell), ou lorsqu’il décide de lever le pied et d’ouvrir grands les bras à la pop (Cathy) en réponse à quelques explosions rock maitrisées (Self Portrait lorgnant Weezer, TVI) ou d’autres plus poussives.

Bien sûr, The Magic Hour n’échappe pas à quelques remplissages sans grand intérêt (Strange, Little Rock n Roller, Randall Flag) qui, en apportant un contraste bénéfique à ses titres les plus forts, n’écorchent ni la cohérence de l’album, ni la réussite de Surf Curse à échapper au piège béant qui s’est dressé sur sa route. Avec assez d’intelligence pour ne pas céder au formatage grand public, assez de talent pour atteindre un nouveau cap dans leur ascension, et assez de souplesse pour enjamber les embuches, les californiens passent avec brio de l’ombre à la lumière, et prouvent que le rock a encore de quoi rivaliser avec une omniprésente musique urbaine dans les esprits adolescents.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Arrow, Sugar, Lost Honor


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