Sufjan Stevens & Lowell Brams – ‘Aporia’

Sufjan Stevens & Lowell Brams – ‘Aporia’

Album / Asthmatic Kitty / 24.03.2020
New age cinématographique

Depuis longtemps déjà, Sufjan Stevens fait partie de ces artistes qui naviguent rarement sur les eaux où on l’attend. Du rock orchestral d’Illinois à la douce mélancolie folk de Carrie & Lowell, en passant par les expérimentations sonores de The Age of ADZ ou de son side project Planetarium aux cotés de Bryce Dessner de The National, l’américain n’a jamais cessé de démontrer son appétence pour les territoires musicaux qui lui sont inconnus, et son envie de (se) surprendre.

Ce nouvel album intitulé Aporia ne dérogera pas à la règle et vient poursuivre le travail d’échanges musicaux et expérimentaux que Sufjan Stevens entretient depuis quelques années avec son beau père musicien Lowell Brams. Les deux hommes dévoilent ici un album totalement atmosphérique et contemplatif, qui sonnerait presque comme la bande son oubliée d’un vieux film de science fiction dont on aurait retrouvé la VHS cachée dans une malle au fond d’un grenier. Tout au long de ses 21 pistes sonores, Aporia nous invite à flotter dans diverses ambiances, parfois célestes et rêveuses, parfois anxieuses et tendues, le tout à travers des nappes de synthétiseurs en tous genres, et de boites à rythmes distordues. Pour l’inspiration, on pense évidemment à Boards Of Canada (Agathon), à John Carpenter (The Red Desert), mais aussi à Brian Eno (Disinheritance), à Vangelis (The Unlimited) et même aux plus récents créateurs de la bande originale de la série à succès Stranger Things, Kyle Dixon et Michael Stein (Ataraxia). Souvent épique, Aporia est un disque plaisant et rêveur, dans lequel on se laisse facilement entrainer, et ce même s’il manque parfois d’équilibre et de cohésion dû aux trop nombreuses pistes qui servent de liens et de transitions, mais qui pourraient complètement être dispensables (Palinodes, For Raymond Scott).

Au final, on comprend ici que l’intention de Sufjan Stevens et Lowell Brams n’était certainement pas de nous démontrer leur talent de songwriter, mais plutôt de nous offrir un paysage sonore assez vaste, éblouissant et majestueux, pour qu’on puisse y éveiller nos sens et se remettre en perspective. Dans la philosophie grecque, une aporie est une forme de contradiction insoluble dans un raisonnement, un état de confusion qui peut parfois nous plonger dans le doute. Et hasard du calendrier, ce nouvel album apparaît alors que le monde est tristement confiné depuis quelques semaines. Peut-être bien alors que le natif du Michigan et son beau-père nous ont inconsciemment offert ici la bande son la plus juste de cette étrange époque dans laquelle nous vivons actuellement.

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A ECOUTER EN PRIORITE
What It Takes, Disinheritance, Agathon, Afterworld Alliance, Glorious You, Ataraxia, The Unlimited, The Runaround, Climb That Mountain, Eudaimonia, The Lydian Ring


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