
07 Jan 24 Sprints – ‘Letter to Self’
Album / City Slang / 07.01.2024
Punk
Depuis l’annonce du premier album de Sprints, excitation et appréhension se mêlent comme avant un rencard Tinder. Il faut dire que les premiers échanges qu’on a eu avec le groupe irlandais, avec des titres comme Manifesto et Kissing Practice, fleuraient déjà bon l’éclate punk et laissaient espérer le coup de foudre dès la première écoute. C’est l’heure du verdict.
Les dublinois ont beau avoir pris leur temps, ils jouissent déjà d’une notoriété qui dépasse les frontières de l’Irlande. Remarqués pour leur punk abrasif et sans concession, ils avouent volontiers puiser dans des références aussi dark que bruyantes, de Pixies à Bauhaus en passant par Siouxsie & the Banshees et King Gizzard… Pourtant, Karla – la charismatique chanteuse du groupe – explique que Sprints a trouvé son identité sonore après un concert de Savages. Voir Jehnny Beth sur scène l’a délivrée du piège de l’écriture dans lequel elle s’était enfermée malgré elle. D’un coup, il devenait clair que sa colère était légitime et qu’elle avait le droit de crier, de chanter des choses aussi désagréables et taboues que ses attaques de panique, ses crises d’angoisses, ses hontes et autres joyeusetés. Pour le quatuor, un leitmotiv : ‘Transforming pain into truth, passion into purpose and perseverance into strength.’.
Dès le premier titre Ticking, on est dans l’ambiance. La batterie, semblable à un cœur qui bat, accompagne l’invasion de pensées intrusives qui étouffent toute joie de vivre et pose la question : ‘Am I alive ?’. Même sentiment plus ‘lourd’ encore avec Heavy dont la première minute nous enferme dans une pièce dont les quatre murs se rapprochent dangereusement jusqu’à ce que les riffs de guitares apportent avec eux le défoulement salvateur. Si les morceaux sont tous incontestablement dansants, il n’en reste pas moins qu’une ombre poisseuse plane au-dessus d’eux, notamment de Shadow Of A Doubt, probablement le plus dark d’un disque aussi cathartique pour le groupe que pour celle.ux qui l’écoutent, et qui nous fait naviguer entre moments d’oppression et de défoulements. Les dublinois réussissent donc non seulement à délivrer un premier long format à la hauteur de nos attentes, mais également à combattre la colère et la honte qu’ils transforment ici en forces prolifiques. Avec la conclusion éponyme, on perçoit d’ailleurs clairement le travail d’introspection de Karla. Plus conquérant et à cheval sur des riffs domptés, Letter to Self répond à la question initiale : ‘I am alive !’. Les instruments comme les émotions semblent ici plus maîtrisés et laissent enfin la place à une grande bouffée d’oxygène.
Enregistré et produit en France par Daniel Fox, bassiste de Gilla Band déjà à l’oeuvre sur le dernier album de The Psychotic Monks, Letter To Self s’inscrit déjà parmi les incontournables de 2024. Avec son énergie à classer quelque part entre les riot grrrl et Idles, on ne doute pas une seconde que Sprints fera ces prochains mois le bonheur de festivaliers en quête de pogo délivrant.
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