Springtime – ‘Springtime’

Springtime – ‘Springtime’

Album / Joyful Noise / 05.11.2021
Art rock noise

La simple évocation de leur association avait déjà suscitée un engouement en ce début d’année à Melbourne quand, ensemble, Gareth Liddiard (The Drones, Tropical Fuck Storm), Jim White (Dirty Three) et Chris Abrahams (The Necks) affichaient complet à l’occasion d’une poignée de concerts, sans même avoir sorti le moindre single en amont. Il aura d’ailleurs fallu attendre quelques mois de plus pour que, en mai, le trio daigne offrir un aperçu de son osmose avec l’obscur Penumbra, absent au tracklisting d’un premier album étonnant.

Etonnant car, au fil de ces sept titres, ces trois artistes multidisciplinaires – très différents sur le papier – parviennent à proposer un disque des plus cohérents, bien que le groupe ne résiste pas à ses envies d’arpenter à la fois l’art rock, la noise expérimentale, le free jazz et l’improvisation pour servir un lyrisme aiguisé, véritable cerise sur un gâteau déjà fort goûtu. Avec en ligne de mire l’absurdité des temps modernes, les trois – pour le moins expérimentés en termes d’écriture – sont allés chercher une plume encore plus aiguisée que les leurs : celle de Ian Duhig, poète maintes fois récompensés et accessoirement oncle d’un Gareth Lilliard qui se charge ici sur quelques titres d’interpréter le patrimoine familial avec l’intensité qu’on lui connaît, parfois à la limite du spoken word.

Parmi eux, Jeanie in a Bottle interprété avec Fiona Kitschin (The Drones, Tropical Fuck Storm), et surtout le plombant mais magnifique The Viaduct Love Suicide qui fait figure de titre phare du disque en contant l’histoire d’une femme livrée à elle même, employée du National Health Service, mère d’un enfant autiste, abandonnée par son mari, qui sauta d’un pont avec son fils dans les bras. Un acte désespéré que la presse d’alors s’était empressée de juger, et pour lequel Duhig fait preuve de la plus grande compréhension et empathie.

Ici comme ailleurs au sein de cet album éponyme, guitare, piano et batterie s’unissent pour dresser un tableau d’une beauté noire régulièrement fendu par quelques larsens bruitistes (Will To Power), parfois offert telle une page blanche aux improvisations des protagonistes (The Island, revisite d’un titre du premier album de The Drones). Car, à l’image du long et progressif final The Killing of The Village Idiot qui ne manque pas de servir ce que Tropical Fuck Storm a eu trop souvent tendance à bégayer ces derniers mois, le contraste est roi chez Springtime. Aussi belle que sombre, aussi délicate qu’intense (West Palm Beach, reprise de Will Oldham enregistrée en live, She Moved Through The Fair), sa musique chamboule les saisons, tord sans relâche nos émotions, et prend un malin plaisir à faire le bien avec le mal. Rien de tel pour laisser une trace durable de son passage.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Will To Power, The Viaduct Love Suicide, She Moved Through The Fair, The Killing of The Village Idiot

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