Spleen – « Comme Un Enfant »

Spleen – « Comme Un Enfant »

Comme Un Enfant[Album]
22/09/2008
(Mercury/Universal)

Spleen est un artiste singulier dans le paysage musical français, farouche, entier, imprévisible, jouant d’une naïveté apparente, cachant une réelle audace. Notons en effet que ce chanteur-slameur d’origine camerounaise a quand même eu assez de culot pour plaider franchement sa cause sur un plateau télé, sortir un premier album de 22 titres dissonants, et faire finalement beaucoup parler de lui dans la presse à tout juste 22 ans

Depuis le début de sa jeune carrière, Spleen s’efforce ainsi de faire tomber des barrières, notamment au sein de son talentueux collectif « The Black & White Skins », de relever des défis devant lesquels trop de frileux reculent, quitte à s’éparpiller pour de bon. C’est ce constat, qui émergeait déjà de son premier « She Was A Girl », que l’on est amené à faire une fois de plus à l’écoute de « Comme Un Enfant », son nouvel opus. Car si Spleen y témoigne toujours de son ouverture d’esprit et de sa volonté de créer des surprises sonores en marge des productions surformatées, cette curieuse galette, par son manque d’homogénéité, laisse plus perplexe qu’elle ne convainc

Au regard de la cohérence des textes introspectifs qui évoquent le souvenir, la complexité des sentiments, les doutes existentiels et l’Amour avec un grand « A », on aurait néanmoins pu s’attendre au contraire. Mais s’impose d’emblée une hétérogénéité déroutante où des titres qualitativement très différents s’entrechoquent et discordent. On passe ainsi d’une somptueuse ballade folk à la Keziah Jones (« Don’t Look Back ») ou d’un subtil mix de beat-box, de chant rocailleux et de slam, porté par une plume corrosive évoquant la peur de la trahison affective (« Tu L’aimeras »), à des titres insipides aux refrains irritants (« Love Dilemme », « Telle Une Belle Rose », « Junk Food »), dans lesquels Spleen a du mal à fixer son identité artistique

Les morceaux réussis sont finalement ceux qui affichent un minimalisme instrumental (« Stylo Et Stéréo » ou « Peter Pan » feat. Cocorosie, offrant un très beau moment onirique et poétique rappelant l’univers de Björk) et une forte personnalité vocale (« Yaoundé », « Le Roi »), donnant le support qu’elle mérite à l’intelligence des textes du chanteur. « Comme Un Enfant » est donc loin d’être un album dépourvu de potentiel et d’intérêt, mais il apparaît encore trop comme un chantier d’expérimentations qui peinent à s’harmoniser. Spleen reste ainsi un artiste en pleine construction, qui pourrait davantage canaliser sa créativité afin de la faire mûrir, et de donner un sens plus précis à son talent et sa sensibilité

Ecoutez un extrait ici.

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