01 Mar 12 Speech Debelle – « Freedom Of Speech »
Album
(Big Dada)
10/02/2012
Hip hop
On attend forcément beaucoup d’une artiste sortie de nulle part, qui gagne le Mercury Prize du meilleur album britannique dès son premier essai. La chance du débutant? Un jury tombé sous le charme de la jeune femme? Une concurrence minable? Non, « Speech Therapy » était tout simplement un excellent disque. Dommage que, en sautant difficilement l’obstacle du second opus, Speech Debelle ne continue pas sur sa lancée.
Plus la barre est haute, plus on a de chances de la faire tomber. En l’occurrence, la jeune toasteuse fait heureusement preuve d’assez de souplesse pour ne pas se reposer sur son prix et livrer quelques titres du niveau atteint lors de son entrée discographique chez Big Dada. Prenons par exemple « Studio Backpack Rap », autrement dit tout ce que l’on attend d’elle: dynamisme et forte personnalité, quelque chose de frais et émouvant qui fait bouger la tête sans effort. Cependant, Kwes – à moitié responsable de la production du premier album de Dels – est ici aux commandes et met beaucoup (trop?) de mélancolie dans ses instrus. La plupart du temps, Speech Debelle semble alors subir, conditionnée par des arrangements mous et dramatiques, à l’image de « I Live For The Message » au refrain sans relief, ou de la ballade sans prétention qu’est « Shawshank ». « I’m With it » titille quant à lui dangereusement les frontières de l’europop, tandis que « Angel Wings » fait un pas vers le slam, s’allongeant néanmoins sur quelques accords pas désagréables.
Aucun doute, Speech Debelle s’est concentrée sur ses textes au détriment de la musique: un intérêt certain si l’on écoute ces paroles plus engagées (rappellons que, en s’appuyant sur un passé difficile, elle a des choses à dire et à dénoncer). Le ton est sombre, relativement monocorde, et peine à captiver sur la longueur quand chaque morceau du prédecesseur se démarquait de son voisin. Car c’est bien là qu’est la force de la jeune anglaise: positiver malgré tout grâce aux mélodies. Elle le prouve d’ailleurs ponctuellement sur « Blaze Up a Fire » – qui porte à croire qu’elle avait anticipé les émeutes de Londres – où sa voix mêlée à celle de son mentor Roots Manuva et de Realism laisse un agréable goût sucré-salé sur la langue. Lyrique et bien qu’un poil surfait, « Elephant » reste tout de même l’une des plus belles pièces du disque et fait alors partie du tiers gagnant, ces quelques chansons qui méritent nos prompts encouragements pour la suite…
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