Spectres – ‘It’s Never Going to Happen and This Is Why’

Album / Autoproduit / 30.10.2020
Noise shoegaze

Comme d’habitude, Spectres a la main lourde mais, comme on n’est pas loin de se taper la tête contre les murs en ces temps contrariés, ça ne peut pas faire de mal d’y aller à fond. Revenus de Condition, le quatuor de Bristol a rebranché ses guitares et donné naissance à It’s Never Going To Happen And This Is Why, entre mur du son noise et caisse de résonance shoegaze. Un album qui, s’il ne révolutionnera pas le genre de la maison, fait du bien à écouter. Voilà pourquoi.

Autant le dire tout de suite, la bande à Joe Hatt ne nage pas dans le bonheur. Avec un champ lexical qui relève tantôt de la névrose, tantôt de la négation des individus, It’s Never Going To Happen And This Is Why convoque des sphères spirituelles bien sombres. L’épais rideau de guitares se pose comme une carapace qui, servie par un propos acide (An Annihilation Of The Self), viendrait scinder le monde en deux : le nôtre et le vôtre. Mais là où le disque est bien ficelé, c’est qu’il ne s’arrête pas aux seuls tourments émotionnels du groupe et aux plages musicales qu’on lui connaît, le son gras, amplifié, et le chant agité en arrière-plan.

L’urgence, l’accent punk sur On Nepotism ou la collaboration particulièrement intéressante avec Ben Vince, saxophoniste londonien aux ambiances minimalistes, sur les titres Define ‘With’ et Emasculate Symphony viennent contrarier le paysage, apportant une résonance plus expérimentale à l’électricité environnante. Au final, Spectres garde le cap opaque et condensé du mélange noise-shoegaze qu’il peaufine depuis Dying, en se permettant d’explorer des territoires plus lointains. Un horizon s’est élargi, équilibré avec force et un peu moins de fracas.